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| Transcription artisanale et singulière établie d'après la version sonore originale disponible en archive sur Lutecium | |
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Quoi que je dise
- je dis "je" parce que je m'y suppose, à ce dire, dont pourtant
il y a de fait qu'il soit de ma voix - quoi que je dise, ça va
faire, faire surgir deux versants : un bien et un mal. C'est justement
de ce qu'on m'a attribué de vouloir que l'Imaginaire ce soit
caca, popo, un mal, et que ce qui serait bien serait le Symbolique. Tout ceci n'empêche pas que ce noeud lui-même, il est singulier si ce que j'ai la dernière fois avancé est vrai, renseignez-vous auprès des mathématiciens, c'est à savoir que ce noeud si simple, ce noeud à trois, l'algorithme, à savoir ce qui permettrait d'y apporter ce à quoi le Symbolique aboutit (bruits), ce qui permettrait d'y apporter ce à quoi le Symbolique aboutit, à savoir la démonstration, l'articulation en termes de vérité, si cet algorithme, nous en sommes réduits à y constater notre échec, notre échec à l'établir, à le manier, d'où il résulte qu'au moins jusqu'à nouvel ordre ces noeuds, ces noeuds dont je puis faire l'écriture, je vous l'ai fait la dernière fois, sous plus d'une forme, vous en êtes réduits, sur la base de cette écriture, à l'imaginer dans l'espace. C'en est même au point que si ce que je peux faire sous sa forme la plus simple, ces noeuds projetés, projetés comme je vais vous le montrer...
ils tiennent de ce que, ici ce que je vous
dessine, c'est quelque chose que vous pouvez imaginer, à savoir
en quoi cette troisième boucle, de s'instaurer d'un trajet qu'est
ces deux noeuds indépendants, voyez, c'est-à-dire imaginez
ces deux noeuds indépendants qui fait ce noeud triple, que j'appelle
le noeud borroméen, ceci qui ainsi représenté vous
est imaginable dans l'espace, vous pouvez le voir, tout aussi bien que
n'importe quelle autre façon que j'aurais eue d’écrire ce
noeud, vous pouvez constater que c'est aussi une écriture : à
savoir qu'en en effaçant un, je pourrais calculer que les deux
autres sont libres, je veux dire, un quelconque. L'énigme de l'écriture, de l'écriture en tant que mise à plat, est là : c'est qu'aussi bien, à tracer ce qui est essentiellement de l'ordre de l'imaginable, à savoir cette projection dans l'espace, c'est encore une écriture que je fais, à savoir ce qui est énonçable, énonçable de cet algorithme, ici le plus simple, à savoir une succession. Ce coinçage, à savoir qu'à l'imaginer, vous retrouvez l'idée de la norme, que la norme est imaginable dès qu'il y a support d'image et que là nous sommes toujours amenés à en privilégier une, une imagination de ce qui fait bonne forme ; curieuse rechute, pourquoi la forme est-elle dite bonne ? Car, après tout, pourquoi ne l'aurait-on pas appelée, simplement, pour ce qu'elle est, à savoir belle ? Nous reglissons, avec l'antique kalokagatos dans cette ambiguïté, dans cette ambiguïté qui, elle, s'avoue à cette date, à la date où c'était ainsi que les Grecs s'exprimaient, et qu'en fin de compte, ce qu'on retrouve toujours, c'est le titre de noblesse, l'ancienneté de la famille, ce qui, comme vous le savez, est pour le généalogiste, toujours trouvable, pour n'importe quel imbécile et donc aussi pour n'importe quelle imbécillité. Je ne vois pas pourquoi je m'empêcherais d'imaginer quoi que ce soit, si cette imagination est la bonne et ce que j'avance, c'est que la bonne, elle ne se certifie que de pouvoir se démontrer, se démontrer au Symbolique, ce qui veut dire à l'intituler Symbolique, à une certaine démantibulation de la langue, en tant qu'elle fait accéder à quoi ? A l'inconscient. L'imaginaire n'en reste pas moins ce qu'il est, à savoir d'or, d apostrophe, o, r, et ceci est à entendre qu'il dort. Il dort, si je puis dire, au naturel. Ceci dans la mesure où je ne le réveille pas spécialement sur le point des éthiques précédentes. Trop soucieux que je suis... de celle, de cette éthique nommément, avec quoi je voudrais rompre, celle du Bien, précisément. Mais comment faire si réveiller, c'est, dans l'occasion, rendormir, si dans l'Imaginaire, il y a quelque chose qui nécessite le sujet à dormir ? Rêver n'a pas seulement dans lalangue, lalangue dont je me sers, cette étonnante propriété de structurer le réveil. Il structure aussi la rêve-olution. Et la révolution, si nous l'entendons bien, ça va plus fort que le rêve. Quelquefois, c'est le rendormissement mais cataleptique. Il faudrait arriver à ce que je promeuve, que je fasse entrer pour vous dans vos cogitations ceci, ceci que l'Imaginaire est la prévalence donnée à un besoin du corps, qui est de dormir. Ce n'est pas que le corps, le corps de l'être parlant, ait plus besoin du sommeil que les autres animaux, sans que nous sachions d'ailleurs toujours en donner le signe, que les autres animaux qui, eux, fonctionnent avec le sommeil. La fonction de sommeil, d'hypnose, chez l'être parlant, ne prend cette prévalence dont j'ai parlé pour l'identifier à l'Imaginaire même, ne prend cette prévalence que de l'effet de cette nodalité, de cette nodalité qui ne noue, ne noue le Symbolique à l'Imaginaire, mais aussi bien vous pourriez là mettre n'importe quel autre couple des trois, ne les noue que de l'instance, l'instance du trois en tant que je la fais celle du Réel. Si donc je vous réveille, à l'endroit de ce dont tout de même notre antique kalokagatos nous permet de dater la formule dans le Souverain Bien d'Aristote, quand j'ai fait l'Ethique de la psychanalyse, c'est à l'Éthique à Nicomaque que je me suis référé, référé comme départ, mais je me suis gardé là-dessus de réveiller, car si je réveille à l'imaginaire manifeste de ce Souverain Bien, que ne vont-ils pas rêver ? Non pas qu'il n'y a pas de Bien, ce qui les entraînerait un tout petit peu trop loin pour leur bien-être, mais qu'il n'y a pas de souverain, moyennant quoi, le souverain effectif, celui qui sait user du noeud, trouve son affaire parce que c'est par là, parce que c'est par là que le sommeil fait désirer à ceux, assez à ceux, pour qu'il rencontre chez eux la complicité du rêve, à savoir le désir que ça continue à bien dormir. Il convient donc que tout énoncé se garde, se garde justement en ce qu'il rêve-olutionne de maintenir le règne de ce à quoi il réveille. Petite parenthèse, puisqu'aussi bien cela n'est pas aisé à comprendre, comme motif de ce discours dans lequel je me trouve pris, du fait d'en être le sujet de par mon expérience, l'expérience dite analytique. Bien sûr, y a-t-il ceux qui, pour ce que cette expérience, ils ne la mettent pas au pied du mur, ils ne s'y exposent pas comme telle, ont tout de même soupçon de quelque chose qui les démange. Les simplement démangés n'ont pas beaucoup d'imagination. Quand ils flairent quelque chose des suites de mon discours, ils dégottent quelque trait biographique, par exemple ceci : que j'ai fréquenté les surréalistes et que mon discours en porte la trace. Il est tout de même curieux qu'avec lesdits surréalistes, je n'ai jamais collaboré. Si j'avais dit ce que je pensais, à savoir qu'avec le langage, je veux dire en s'en servant, ce qu'ils démolissaient, c'était l'Imaginaire, qu'est-ce que je n'aurais pas produit ! Je les aurais peut-être réveillés. Réveillés simplement en sursaut à ceci que je me serais trouvé bel et bien dire, c'est que de l'un à l'autre, de l'Imaginaire au Symbolique dont justement ils ne soupçonnaient pas l'existence, ils rétablissaient l'ordre. Est-ce que je peux vous faire entendre que le sort de l'être parlant, c'est qu'il ne peut dire, qu'il ne peut même pas dire "j'ai bien dormi", c'est-à-dire du sommeil profond, "j'ai bien dormi de telle heure à telle heure", pour la simple raison qu'il n'en sait rien, ses rêves encadrant ce sommeil profond ayant consisté dans le désir de dormir. C'est seulement à l'extérieur, à savoir lui soumis à l'observation d'un électro-encéphalogramme par exemple, que peut se dire qu'effectivement de telle heure à telle heure le sommeil était profond, c'est-à-dire pas habité de rêves, ces rêves dont je dis qu'ils sont le tissu de l'Imaginaire, qu'ils sont le tissu de l'Imaginaire en tant que c'est d'être pris dans le noeud, ce Réel, que son besoin, son besoin principal devient cette fonction élue : la fonction de dormir. Ce passage de l'Imaginaire au crible du Symbolique, suffit-il à donner à l'énoncer le premier, celui de l'Imaginaire, le tampon "bon", "bon pour le service" ? Le service de quoi ? Je ne crois pas forcer la note en posant cette question, puisqu'il faut bien le dire, personne n'a jamais approché cette question sans soulever par quelque bout une idée de souveraineté, c'est-à-dire de subordination. C'est vrai que le Bien ne peut être dit que souverain. Est-ce que vous ne sentez pas que c'est là que se dénonce quelque chose comme une infirmité, je fais appel à ceux qui, justement, ont l'Imaginaire éveillé, à condition que ça ne supporte chez eux aucun espoir car il est tout à fait entendu que je ne dis, moi, rien de tel, mais que je ne dis pas le contraire non plus : à savoir que le Bien est souverain. De sorte que le dit Imaginaire, mon dire de nos jours y opère certes mais que ce n'est pas par là qu'il l'attaque, il dit seulement que l'Imaginaire, c'est ce par quoi le corps cesse de rien dire qui vaille de s'écrire autrement que : "J'ai dormi de telle heure à telle heure". Tout
ça ne change rien au fait que ça démange. La vérité
démange, même ceux que sans trop y croire j'appelle les
canailles parce que, en fin de compte, il suffit que la vérité
démange pour que ça touche au vrai par quelque biais.
Dites n'importe quoi, ça touchera toujours au vrai. Si ça
ne touche pas au vôtre, pourquoi ça ne toucherait-il pas
au mien ? Voilà le principe du discours analytique, et c'est
en cela [47' brève coupure son...](1)en
quoi je lui ai dit que, commencer comme il le fait par ce qu'il appelle
le contre-transfert, si par là il veut dire : en quoi la vérité
touche l'analyste lui-même, il est sûrement dans la bonne
voie, puisqu'après tout, c'est là que le vrai prend son
importance primaire et que, comme je l'ai fait remarquer depuis longtemps,
il n'y a qu'un transfert, c'est celui de l'analyste, puisqu'après
tout c'est lui qui est le sujet supposé au savoir. Il devrait
bien savoir à quoi s'en tenir là-dessus : sur son rapport
au savoir, jusqu'où il est régi par la structure inconsciente
qui l'en sépare, de ce savoir, qui l'en sépare bien qu'en
sachant un bout, et je le souligne, autant par l'épreuve qu'il
en a faite dans sa propre analyse que par ce que mon dire peut lui en
porter. Il
y a quelque chose dont je voudrais désigner l'incidence. Parce
que c'est le biais d'un moment qui est celui que nous vivons dans l'histoire.
Il y a une histoire, quoique ce ne soit pas forcément celle qu'on
croit, ce que nous vivons est très précisément
ceci : que curieusement la perte, la perte de ce qui se supporterait
de la dimension de l'amour, si c'est bien celle non pas que je dis,
je ne peux la dire, je ne peux pas la dire, à ce nom du père
se substitue une fonction qui n'est autre que celle du nommer à.
Si
le désir de l'homme, je l'ai défini pour être le
désir de l'Autre, c'est bien là que ça se désigne
dans l'expérience. Qu'est-ce que cette trace, cette trace désigne comme retour du nom du père dans le Réel, en tant précisément que le nom du père est verworfen, forclos, rejeté et qu'à ce titre il désigne si cette forclusion dont j'ai dit qu'elle est le principe de la folie même, est-ce que ce nommer à n'est pas, est-ce que ce nommer à n'est pas le signe d'une dégénérescence catastrophique ? Pour
l'expliquer, il faut, il faut que je donne plein sens à ce que
j'ai désigné du terme tel que je l'écris de l'ek-sistence.
Si quelque chose ek-siste à quelque chose, c'est très précisément
de n'y être pas couplé, d'en être troisé, si
vous me permettez ce néologisme. Est-ce que ce n'est pas là que nous devons chercher dans ce qui nous possède, nous possède comme sujet, qui n'est rien d'autre qu'un désir et qui plus est désir de l'Autre, désir par quoi nous sommes d'origine aliénés, est-ce que ce n'est pas là que doit porter, à savoir dans ce phénomène, cette apparition à notre expérience que comme sujets, ce n'est pas seulement de n'avoir nulle essence, sinon d'être coincés, squeezés dans un certain noeud, mais aussi bien comme sujet, sujet supposé de ce que squeeze ce noeud comme sujet ce n'est pas seulement l'essence qui nous manque, à savoir l'être, c'est aussi bien que nous ek-siste tout ce qui fait noeud. Mais dire que cela nous ek-siste ne veut pas dire que pour autant nous y existions d'aucune façon. C'est dans le noeud même que réside tout ce qui pour nous n'est en fin de compte que pathétique, ce que Kant a repoussé comme à l'avance de notre éthique, à savoir de ce que rien dont nous pâtissions ne puisse d'aucune façon nous diriger vers notre bien, c'est là quelque chose qu'il faut entendre on ne sait comment, comme un prodrome, comme un prodrome j'ose le dire, et c'est en cela que j'ai écrit une fois Kant avec Sade, comme un prodrome de ce qui fait effectivement notre passion, à savoir que nous n'avons plus aucune espèce, aucune espèce d'idée de ce qui pour nous tracerait la voie du Bien. Au moment où cette voie expire, au moment où Kant fait le geste de ce mince recours, de cette liaison infime avec ce qu'Aristote a instauré comme l'ordre du monde, les arguments qu'il avance, quels sont-ils ? Pour faire sentir la dimension de ce qui est le devoir, qu'avance-t-il ? Ce qu'il avance, c'est prétendument qu'un amoureux près d'obtenir le succès de sa jouissance y regardera à deux fois si, devant la porte de sa maîtresse, le gibet est déjà dressé auquel on l'attachera ; et d'opposer à cela que bien entendu personne ne se risquera jamais à un pareil truc, alors qu'il est tout à fait au contraire évident que n'importe qui est capable de le faire, s'il en veut, simplement. Alors, qu'est-ce qu'il oppose à ça ? C'est que, comme si c'était là le signe d'une supériorité, c'est que sommé par le tyran de diffamer un autre sujet, quelqu'un y regardera à deux fois avant de porter un faux témoignage. A quoi dans mon texte, Kant avec Sade, car j'ai écrit des choses très bien, des choses auxquelles personne ne comprend rien, bien sûr, mais c'est simplement parce qu'ils sont sourds, bon... à quoi j'ai opposé : mais si pour désigner à la main du tyran celui que le tyran désire atteindre, il suffisait non pas d'un faux, mais d'un vrai témoignage !
Ce qui suffit bien sûr à foutre tous les systèmes
par terre pour la raison que la vérité, la vérité
est toujours pour le tyran. Le biais, le biais par où ici Kant fait la fente, ce biais n'est pas bon, d'où il résulte la formule qui se dégage simplement de ces deux termes entre quoi Kant fait la rentrée de la raison pratique, c'est-à-dire du devoir moral, c'est que l'essence, l'essence de ce dont il s'agit dans le bien, c'est que le corps force sa jouissance, à savoir la réprime, et simplement, ceci au nom de la mort, de la mort de soi ou de la mort de quelqu'un d'autre, dans l'occasion celui qu'il songera à épargner, mais cette formule une fois serrée, est-ce que cela ne réduit pas le Bien à sa juste portée, est-ce que hors ces termes, ces termes dont se font les trois, les trois du Réel, en tant que le Réel lui-même est trois, à savoir la jouissance, le corps, la mort, en tant qu'ils sont noués, qu'ils sont noués seulement, bien entendu, par cette impasse invérifiable du sexe, c'est bien là que se véhicule la portée de ce discours nouveau venu dont ce n'est pas rien que quelque chose l'ait nécessité, le discours analytique dont vous me permettrez de reprendre le relais le 9 mai, le 9 mai deuxième mardi, et non pas ensuite le troisième, mais le quatrième, le quatrième, qui ne sera pas donc celui d'après Pâques, le 16 avril, mais celui du 23... (De loin...) Le 9 avril, pas mai, avril ! |
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1. version CB : c'est en cela [que j'ai dit quelque part - et à quelqu'un qui a fait, ma foi, un fort joli petit livre sur le transfert, c'est le nommé Michel Neyraut - ] en quoi je lui ai dit [...] 2. coupure son, version CB: [...
qui m'ait paru dans le passé en rendre compte si peu que ce soit.
C'est là que je m'aperçois qu'en fin de compte... ]
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