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Transcription artisanale et singulière établie d'après la version sonore originale disponible en archive sur Lutecium | ||||||||||||||
Je m'excuse de ce retard et vous remercie de m'avoir attendu. Vous voyez que je persévère, quant à ce fondement que cette année je donne à mon discours dans le noeud borroméen. Le noeud borroméen est ici justifié de matérialiser, de présenter cette référence à l'écriture. Le noeud borroméen n'est, dans l'occasion, que mode d'écriture. Il se trouve en somme présentifier le registre du Réel. Quand au départ, je me suis interrogé sur ce qu'était l'inconscient, je n'ai entendu le prendre qu'au niveau de ce qui constitue effectivement l'expérience analytique. A ce moment, je n'avais d'aucune façon élaboré le discours comme tel ; la notion, la fonction de discours ne devait venir que plus tard, c'est pour autant que ce discours est où se situe un lien social et donc il faut le dire politique, c'est autant que ce discours le situe que j'ai parlé de discours. Mais je ne partais que de l'expérience et dans cette expérience, il est clair que le langage, que quelque chose qui, incontestablement s'impose de la pratique de l'analyse, que la pratique de l'analyse est fondée sur un pathétique, sur un pathétique qu'il s'agit de situer et il s'agit de situer comment on y intervient. Intervenir fait surgir la notion d'acte. Il est essentiel
également de la penser, cette notion d'acte et de démontrer
comment il peut venir à consister d'un dire. J'ai dans le temps,
comme on dit, cru devoir faire remarquer que l'analyste, non seulement
n'opère que de parole, mais se spécifie de n'opérer
que de cela. Refusant cette intervention sur le corps par exemple qui
passe par l'absorption, sous une forme quelconque, de substances qui entrent
dès lors dans la dynamique chimique du corps, par exemple les médicaments,
on appelle ça, bon. Le point où j'en suis, c'est simplement
quelque chose, le tour, n'est-ce pas, c'est le cercle que vous voyez ici
dessiné (1),
c'est qu'il y a un lien, mais il s'agit de savoir lequel, entre le sexe
et la parole. Il est clair que le sexe comporte la dualité de la
structure corporelle. Dualité qui se réfléchit en
cascade, si on peut dire, sur la dualité par exemple du soma et
du germen, sur l'opposition du vivant au monde inanimé, et cetera.
Là, j'essaie de vous dire : il y a du savoir dans
le Réel qui fonctionne sans que nous puissions savoir comment l'articulation
se fait dans ce que nous sommes habitués à voir se réaliser.
Est-ce de cela qu'il s'agit et qu'il nous faudrait bien admettre, n'est-ce
pas, comme relevant d'une pensée ordonnatrice ? C'est le parti
que prennent religion et métaphysique qui sont en cela du même
côté : elles se donnent la main dans les suppositions qu'elles
ordonnent à l'être. Dire : "Dieu ne croit pas en Dieu", c'est exactement dire
la même chose que de dire "Ya d'l'inconscient". Bien sûr,
vu l'ordre d'auditoire, n'est-ce pas, que j'avais alors, à savoir
les psychanalystes tels qu'ils pouvaient à cette époque
se présenter, ça ne faisait aucun effet ; ça ne faisait
aucun effet mis à part ceci qu'ils me posassent la question si,
si moi j'y croyais, enfin. Il y a quelqu'un depuis, enfin n'est-ce pas,
qui, qui m'a défini en disant que j'étais quelqu'un qui
croyait qu'il était Lacan, n'est-ce pas, c'était la façon
dont j'avais moi-même défini Napoléon, mais... sur
la fin de sa vie, enfin au moment où en somme,
mon Dieu, il était fou n'est-ce pas, car croire en son propre nom,
enfin, c'est... c'en est la définition même. Bon. Contrairement
à ce qu'imaginait le nommé Gabriel Marcel, enfin, je ne
crois pas en Lacan. Mais je pose la question de savoir s'il n'y a pas
stricte consistance entre ce que Freud avance comme étant l'inconscient
et le fait que Dieu, il n'y ait personne pour y croire, surtout pas lui-même,
car c'est en ça que consiste le savoir de l'inconscient. Le
savoir de l'inconscient est tout le contraire de l'instinct, c'est-à-dire
de ce qui préside, enfin non seulement à l'idée de
nature, mais à toute idée d'harmonie, c'est pour autant
que, quelque part, enfin, il y a cette faille qui fait que la chose la
plus naturelle, si l'on peut dire, celle qui nous parait de notre point
de vue, quand nous regardons, quoi ? des animaux, soit de tout à
fait autres, des objets dans le monde, nous faisons là-dessus toutes
les extrapolations que nous pouvons. Ce que nous constatons c'est quelque
chose qui, entre deux corps semble faire quelque chose qui incontestablement
est tout à fait différent d'ailleurs chez la plupart des
espèces, que le rapport du corps dit masculin à celui qui
s'avoue féminin, à savoir qu'il y a en somme entre ces deux
corps, je dirai, très peu de ressemblance, alors que chez les animaux,
ce qui est frappant c'est à quel point le mâle et la femelle,
disons le mot pour aller vite et indiquer ma pensée, enfin, sont
narcissiques. Qu'est-ce à dire ? Est-ce que parce qu'ici il m'arrive quelquefois, dans toute la mesure où vous me le permettez à cause de ce micro, d'écrire des choses au tableau, est-ce que c'est là ce qui supporte ma relation avec vous telle qu'elle s'instaure dans ce discours ? Je ne le crois pas, j'en pose sans cesse la question : ce que je veux pointer ici, c'est ceci qui importe, c'est que je dis, je dis toujours la vérité et que cela qui s'inscrit dans le Symbolique, je dis toujours la vérité, non pas seulement que je la répète, je fraye la voie qui fait exister un dire et que votre rapport avec moi dans cette situation, c'est que cela vous fait jouir. J'en ai plus d'une fois posé la question, enfin, je tourne autour, mais ce qui est certain, c'est que là se trouve l'accent, enfin, de ce juste dire que j'essaie d'énoncer pour autant qu'ailleurs sans doute je prends appui sur l'écriture, mais que c'est du côté de l'écriture que se concentre ce où j'essaie d'interroger de l'inconscient quand je dis que l'inconscient, c'est quelque chose dans le Réel. J'ai dit "savoir", d'un autre côté, mais j'ai aussi souligné ceci : que si cette dimension de savoir touche aux bords du Réel, que c'est à saisir, à jouer avec ce que j'appellerai, enfin les fronces, les bords du Réel, c'est pour autant que je fais foi à ceci que seule l'écriture supporte comme telle ce Réel, que je peux dire quelque chose qui soit orienté simplement, simplement orienté. Parce que dire la vérité, c'est si je puis dire à la portée de tout le monde et d'une certaine façon, la vérité, pour nous, dans l'expérience analytique, c'est, c'est notre étoffe, c'est notre étoffe en quoi ? en ceci qu'elle est la vérité sur ce pathétique, sur cette souffrance que comme telle j'ai désignée, ce qui amène à ce cernage d'une expérience structurée comme un discours. Et ces discours j'en ai tenté d'en faire l'articulation, mais l'articulation écrite ce n'est qu'en cela que quelque chose peut y témoigner du Réel. Alors de quoi s'agit-il quand la dernière fois je vous ai rappelé les quatre termes, les quatre ponctuations, ponctuations écrites de l'identification que je n'appellerai en l'occasion non pas "sexuelle" mais "sexuée", quand j'ai rappelé que le noeud borroméen permettait de situer chacune de ces écritures dans quelque chose qui se repère à partir du noeud primitif, du noeud tel que je vous l'ai montré comme j'ai pu avec des ronds, des ronds de ficelle que je tenais dans la main, dans les quatre quadrants qu'ils déterminent, qu'ils déterminent à partir d'une première mise à plat ? Et d'une première mise à plat en ceci qu'il faut que deux de ces ronds, et j'ai dit deux et pas les mêmes, pas le même puisqu'aussi bien, si c'était le même il reviendrait à la même place, c'est à savoir qu'il en faut deux, deux différents pour qu'on parvienne à un quadrant qui s'homologue au premier mis à plat. J'ai cru pouvoir, pouvoir à ce moment vous le montrer au tableau d'une façon qui était évidemment aventurée, puisque, comme vous avez pu le voir et à ma grande exaspération, j'y ai pataugé, n'est-ce pas. J'y ai pataugé parce que chose curieuse, il y a en somme, c'est cela que cette expérience signifie, il y a quelque chose de... de pas encore maîtrisé dans, vous le savez, je vous l'ai indiqué, je vous le rappelle, de non encore maîtrisé dans ce qui est de l'ordre des noeuds. C'est étrange, c'est singulier, quoique déjà quelque chose a bien pu en être avancé, que le noeud borroméen ait été identifié à, à la tresse à six mouvements, six et pas trois, comme il semblerait pouvoir y paraître, c'est déjà quelque chose, et aujourd'hui ce que je vous montre... à mettre, à rapporter à ce que je vous avais déjà marqué, déjà écrit, déjà écrit, comme étant la forme la plus simple, la plus simple du noeud borroméen qui est très exactement celle-ci, c'est-à-dire celle où nulle part il n'y a un troisième rond, le troisième rond ici n'étant représenté que par une droite que vous me permettez de supposer infinie :
c'est une supposition tout à fait capitale et en elle-même éclairante, dirai-je, éclairante en ceci, éclairante en ceci qu'il est très connu, c'est la première remarque que toute élaboration des noeuds, celle d'un Artin(2)., par exemple, dont peut-être vous connaissez le volume, certains d'entre vous en tout cas se le sont sûrement procuré, celle d'un Artin qui dit ceci... c'est qu'il n'y a qu'une seule façon sur une simple ligne d'affirmer que le noeud ne peut pas être dénoué, c'est de deux choses l'une : ou que ses deux bouts s'étendent en effet à l'infini, ce qui rend impossible de méconnaître quoi que ce soit qui se soit formé en noeud, ou que les deux bouts s'en rejoignent, auquel cas il se contrôle si oui ou non c'est bien un noeud. Qu'est-ce que ceci nous suggère comme remarque
? C'est que si cette droite, cette droite dont consiste le noeud borroméen
en l'occasion et qui se spécifie de ceci de croiser les noeuds,
je dirai d'une façon qui coupe le premier pour autant que le premier
coupe le second, ce qui du même coup impose l'alternance, c'est
à savoir qu'il coupera le premier et sera coupé par le second
qu'il rencontre en tant que lui-même est interne
au premier rond et qu'il coupera donc deux fois, coupera donc les deux
fois le rond bleu de même qu'il sera coupé les deux fois
par le rond vert, le rond bleu et le rond vert se distinguant de ceci
: c'est que le rond bleu coupe le rond vert.
C'est en tant qu'ici nous avons les choses sous cette forme que nous pouvons dire que ce qui, dans l'autre, s'est présenté sous un certain mode est précisément, dans l'autre forme, inversé. Bon. Il est clair que c'est pour autant que nous prenons ici
les choses sous cette forme que nous avons une forme ici dextrogyre, de
même que c'est pour autant que nous prenons ici les choses sous
le bord, sous le côté opposé à celui... au
point où nous avons rabattu la ligne orange, que nous avons ici
une forme lévogyre... ça veut dire que... ce qui apparaît
ici, c'est quelque chose de c't ordre-là. Il y a donc à chaque fois quelque chose qui change,
qui change dans l'orientation du noeud. Chaque fois que nous passons d'un
quadrant, d'un quadrant dans un autre, il y a quelque chose qui change
dans l'orientation du noeud. Et c'est en ça que le noeud, les noeuds
se spécifient quatre par quatre et qu'ils ont ce rapport entre
eux que j'ai qualifié l'autre jour de tétraédrique
et où j'ai voulu reconnaître ce qu'il en est du mode des
quatre places réservées aux modes de l'identification, de
l'identification dite sexuée. Car après tout, il n'aurait pas été inconcevable que ce quelque chose qui s'est dessiné dans une géométrie développée qui a fonctionné effectivement tout à fait comme écriture, écriture par quoi s'est amorcée, amorcée la science, je veux dire dans la géométrie grecque, il est tout à fait frappant de voir que ç'aurait pu aussi bien être, être dans un effort concernant le coinçage, par exemple qui se produit quand nous écartons ici ce noeud par rapport à la ligne qui sert à le constituer à proprement parler comme ce noeud, de même qu'à le rabattre ici, nous voyons bien manifestement que nous coinçons quelque chose, coinçons, quoi dire sinon ce dont il s'agit, c'est à savoir quelque chose de coincé, il n'y a rien à en dire de plus, et c'est ce coincé qui est en cause, qui est en cause dans cette fonction par quoi, pour dire le rapport du Symbolique, de l'Imaginaire ou du Réel, je dis que c'est là qu'est pris quelque chose, quelque chose qui, dans l'occasion, est bien en effet le sujet. Encore faut-il que ce quelque chose, je tente de l'éclairer, je tente de l'éclairer en quelque sorte en individualisant ce qu'est bien chacun de ces ronds, c'est à savoir en quoi le Symbolique diffère de l'Imaginaire et diffère du Réel. Pour éclairer très vite, comme je peux le faire, pas plus, cette lanterne, je dirai que le Symbolique, j'avancerai que le Symbolique est de l'ordre du Un, ce Un que, la dernière fois, je vous ai déjà avancé comme constituant dans l'ordre logique ce qu'essaie de construire notre Boole comme étant l'univers. Je vous ai fait remarquer en même temps qu'il y a là quelque chose de contestable. Car c'est déjà poser une hypothèse que de faire de l'univers quelque chose de Un. A l'encontre de ceci et dans la ligne même où Boole procède en posant la formule : x facteur, entre parenthèse, de 1 moins x, et en la posant égale à zéro, à savoir : tout ce qui n'est pas x, c'est ce qui est x soustrait à l'Univers, et leur produit, leur intersection, leur rencontre est strictement égale à zéro. C'est sur cette base que Boole croit pouvoir avancer une formalisation de ce qu'il en est de la logique. Tout à son opposé, je propose, je propose de donner au Un la valeur de ce dans quoi, par mon discours, consiste, consiste en tant que c'est elle qui fait obstacle au rapport sexuel, à savoir la jouissance phallique. C'est pour autant que la jouissance phallique et là, disons que je la fais organe, je la suppose incarnée par ce que, dans l'homme, y correspond comme organe, c'est pour autant que cette jouissance prend cet accent privilégié, privilégié telle qu'elle s'impose dans tout ce qui est de notre expérience, notre expérience analytique. C'est là autour et parce que ce n'est que là
autour, là autour, autour de l'individu lui-même sexué
qui le supporte, c'est pour autant que cette jouissance est privilégiée
que toute l'expérience analytique s'ordonne. Et je propose, je
propose ceci que ce soit à elle de rapporter la fonction du Un
dans la formalisation logique telle que Boole la promeut.
à savoir que d'aucune façon ne puisse s'écrire d'une façon mathématique ce qu'il en est (6). [de ce qui se présente comme fonction au regard de la fonction phallique elle-même. Je veux dire que c'est] pour autant que ce qui s'écrit c'est é de x non Phi de x (7).... négation de la fonction phallique elle-même
et tout à l'opposé qu'il n'y en ait pas, c'est à savoir qu'il n'existe pas de x pour dénier la fonction Phi de x, pour s'y opposer :
et qu'inversement j'introduise au niveau de l'Universelle ce quelque chose qui, adhérant à la fonction phallique, se caractérise d'un côté par un grand A, quanteur universel, un grand A inversé, vous savez que c'est ainsi que cela s'écrit :
mais dans l'autre, il met une barre négative, c'est-à-dire il dit qu'il y a quelque part une fonction qui s'y distingue de n'être pas toute.
Ce dont je parle, c'est de cette distinction qu'il faut
faire de la jouissance phallique en tant que chez l'être parlant
elle prévaut et que c'est de là qu'est dérobée
toute la fonction de la signifiance, qu'il y a une distinction à
faire entre cette jouissance prévalente pour autant qu'elle fait
obstacle à ce qu'il en est du rapport sexuel, qu'il y a une distinction
à faire de cette jouissance avec ceci que, à côté
- je vous l'ai introduit l'autre jour, je pense suffisamment avec ce qu'il
en était de l'arbre, de l'arbre dit de la science, de la science
du Bien et du Mal - il y a ceci qu'assurément l'animal, l'animal
se distingue de subsister non seulement en un corps, mais que ce corps
comme tel ne s'identifie, n'a d'identité non pas comme on le dit
depuis toujours traditionnellement de la pensée, de ce je ne sais
quoi qui de ce qu'il pense le ferait être, mais de ce qu'il jouisse
de lui-même. |
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1. cf. les trois schémas
suivants. Version C.B. : parenthèse (voir les figures, p.167 et
suivantes). |
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