Journées des cartels de l’École freudienne de Paris à la Maison de la chimie, Paris. Cette séance reprend le thème de la veille sur le « plus une ». Lettres de l’École freudienne, 1976, n°18, p. 230-247.
(230)J. Lacan – Je suis très intéressé, intéressé plus que tout par ce qui a été commencé hier autour de la fonction des cartels et je serais reconnaissant à quiconque voudra bien prendre la relance de ce que nous avons dit.
Juan David Nasio – Ma fonction aujourd’hui se limite à coordonner ce groupe sur la fonction des cartels. Je rappellerai simplement que la définition des cartels, dans l’Acte de fondation, comporte certaines caractéristiques :
1. Le cartel, c’est le lieu d’engagement à l’École freudienne ;
2. Le cartel doit soutenir un travail d’élaboration, une production, que comme travail critique, concerne à mon avis le savoir de l’analyste, d’une part, et l’expérience analytique elle-même ;
3. Enfin, le cartel a une structure bien définie.
C’est surtout ce dernier aspect qui a été discuté hier. De cette structure on a dégagé d’abord que la « plus une » personne qui compose le cartel est bien une personne présente et méconnue.
Jacques Lacan – Nous avons quand même suggéré que cette personne, qui est en quelque sorte l’écho du groupe, existe dans tout fonctionnement de groupe, à ceci près que personne n’y pense, et qu’il conviendrait que les analystes ne la méconnaissent pas, parce qu’il apparaît bien que cela commence très tôt. Tres faciunt ecclesiam dit la sagesse des nations, et cela va loin ; pourquoi est-ce qu’il y a ce surgissement de trois ?
Ce que je voudrais, c’est avoir comme hier quelques réponses, des réponses qui témoignent que, quand même, il y a déjà quelques personnes qui y ont pensé. Il y a le nommé Pierre Kahn, par exemple, qui est intervenu hier et qui a eu la bonté de me reconduire chez moi après cette petite séance et qui, dans ce court moment, m’a prouvé qu’il voit très bien le rapport que cela a avec l’analyse, cela fait déjà au moins une personne.
[…]
(245)[…] Jacques Lacan – Safouan, vous n’étiez pas là hier à cinq heures, du moins quand j’ai ouvert la séance.
Vous n’auriez pas quelque chose à sortir sur ce qui quand même hier m’a donné la possibilité, aujourd’hui je m’en abstiens, d’un dialogue avec pas mal de personne qui ont parlé.
Je serais content que vous disiez ce que vous pensez, là, de cette « plus une personne » que tout cartel littéralement évoque, a évoqué en tous cas pour moi et dont tout à l’heure je regrette de ne pas l’avoir ponctué ; tout à l’heure Philippe Girard a très bien marqué ce qui en est l’objectif, de sortir de la nécessité qui se cristallise du fonctionnement de tout groupe.
[…]
Jacques Lacan – D’accord. Il y a les choses que vous avez entendues ce matin, j’en ai eu d’autres hier qui étaient extrêmement suggestives.
[…]
Jacques Lacan – Il y a évidemment deux points, il y a d’une part l’organisation, la vie si on peut dire du cartel comme tel, et puis ce sur quoi certains dont Nasio ont insisté, à savoir la production.
[…]
(246)[…] Jacques Lacan – Il me semble qu’il y a quelque chose de spécifique à l’analyse qui pose cette question qui est toujours plus ou moins bouchée, en fin de compte. Il me paraît difficile que des analystes ne se demandent pas ce que veut dire analytiquement leur travail en tant que c’est un travail en commun ; est-ce que l’analyste doit rester un isolé, pourquoi pas ? Pratiquement c’est ce qui se passe.
C’est quand même de nature à faire qu’on se pose la question : pourquoi est-ce ce qui se passe ? C’est déjà un minimum.
Si vous voulez mûrir quelque chose pour cet après-midi…
[…]
Jacques Lacan – Aubry, vous avez quand même peut-être des choses à dire qui surgissent de votre expérience…qui est grande.
[…]
(247)[…] Jacques Lacan – Ce qui prouve sinon votre intervention, au moins votre consentement.
Qu’est-ce qui peut encore prendre la parole ?
[…]
Jacques Lacan – La séance est levée.