Interventions sur l’exposé de C. Conté et L. Beirnaert : « de l’analyse des résistances au temps de l’analyse » au Congrès de l’École freudienne de Paris sur « La technique psychanalytique », Aix-en-Provence (matin). Parues dans les Lettres de l’École freudienne, 1972, n° 9, pp. 334-336.

Exposé : […]

Discussion : […]

 

(334)[…] M. Beirnaert – À propos du temps logique dont vous parlez, la question s’est posée à nous d’articuler quelque chose de plus ferme et de plus approfondi sur le sujet, à partir, en particulier, de l’article de Lacan sur le sujet.

Lacan lui-même, d’ailleurs, à la fin de ce séminaire, faisant allusion au temps, esquisse quelque chose sur l’ordre des scansions temporelles, dans l’analyse de l’obsédé.

 

M. Lacan – Je peux rappeler que, dans l’article où j’introduis comme tel le temps logique, je le montre s’exercer dans sa hâte même comme essentiellement trompeur, je veux (335)dire dans l’article dont je l’ai illustré. Ça ne veut pas dire que ce soit le dernier mot. Mais c’est tout de même très important, me semble-t-il, à rappeler au moment où je rapproche, dans ce temps que vous-mêmes avez épinglé, le temps du transfert. Il est bien certain que je ne joue sur Hegel, là, que d’une façon très très ambiguë.

[…]

(335)[…] M. Baudry – Je voudrais revenir sur la formulation initiale : « le transfert, c’est le concept de l’analyse parce que c’est le temps de l’analyse ».

Si on élimine ce que peut avoir de didactique la référence hégélienne, c’est-à-dire si on ne parle plus du concept en tant qu’il implique la réalisation dialectique mais en tant qu’il est Dieu, on est amené à dire qu’il s’agit ici du désir ou du fantasme.

(336)Mais ce qui se produit alors, c’est qu’on est obligé de dire, non pas : c’est le temps, mais : il y a du temps, à partir du désir ou du fantasme. À ce moment là, on est obligé de comprendre le temps dans un sens un peu particulier, à savoir : il se produit du temps, il y a quelque chose comme du temps, il y a ce qu’on peut appeler une temporalisation. À ce moment là, la question qui me semble posée, c’est : comment comprendre l’expression « le temps de l’analyse ». Car quand on entend cette expression, il semble que l’on se réfère au temps classiquement compris, alors que si l’on ne parle plus de manière hégélienne on est obligé d’entendre cette expression comme « le temps de l’analyse » au sens du « de » comme Lacan l’emploie souvent, c’est-à-dire dans un génitif subjectif, le temps qui vient de, qui se produit à partir de l’analyse, c’est-à-dire en somme le temps qui s’engendre à partir du fantasme construit par l’analyse.

 

M. Lacan – C’est ça la notion de temps logique. Ce que j’ai énoncé du temps logique, c’est ça. Je rappelle que ce temps logique est scandé. Il y a l’instant de voir, le temps pour comprendre et le moment de conclure. C’est en ça qu’en effet l’analyse participe très éminemment et fondamentalement du temps logique.

 

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