Présentation et interventions sur l’exposé de J. Rudrauf : « De la règle fondamentale » au Congrès de l’École freudienne de Paris sur « La technique psychanalytique », Aix-en-Provence (après-midi). Parues dans les Lettres de l’École freudienne, 1972, n° 9, pp. 341 et 374.
La séance est ouverte par M. Lacan.
(341)M. Lacan – Je prends la présidence jusqu’à ce que Mme Aubry arrive, et je donne la parole à Rudrauf.
M. Rudrauf – (lit sa communication)
(349)[…] Or nous retrouvons chez Freud une problématique analogue dont témoigne par exemple cette note de l’Abrégé (Traduction Fse, p. 19-20).
Les recherches psychanalytiques ont retrouvé
certains caractères jusque-là insoupçonnés du psychisme inconscient et
découvert quelques-unes des lois qui le régissent. Nous ne voulons pas dire par
là que la qualité de conscience ait perdu de la valeur à nos yeux. Elle reste
la seule lumière qui brille pour nous et nous guide dans les ténèbres de la vie
psychique.
Par suite de la nature particulière de notre
connaissance, notre tâche scientifique dans le domaine de la psychologie
consistera à traduire les processus inconscients en processus conscients pour
combler ainsi les lacunes de notre perception consciente.
Ici s’indique le fil conducteur que veut proposer la règle fondamentale en tant que moyen technique d’engager et de rendre possible la psychanalyse, en tant aussi que fin dernière à quoi se réfère la force contraignante (Trieb und Zwang) qui fait Freud fonder la psychanalyse et qui constitue l’essence du vouloir psychanalytique : que la psychanalyse soit.
Relisons-en le texte dans la dernière formulation qu’en a donnée Freud :
Nous concluons donc ce traité (ou contrat)
avec le moi du patient. Pleine sincérité contre absolue discrétion. Cela donne
l’impression que nous ne tendons qu’à prendre la place d’un confesseur profane.
Mais la différence est grande, car nous ne voulons pas seulement entendre de
lui ce qu’il sait et dissimule aux autres, mais il doit aussi nous raconter ce
qu’il ne sait pas. Dans cette (350) perspective, nous lui donnons
une estimation approximative de ce que nous entendons par sincérité : Nous
l’engageons à la Règle Fondamentale de l’Analyse qui désormais doit dominer sa
conduite à notre égard. Il ne doit pas seulement nous faire partager ce qu’il
dit à dessein et volontiers, ce qui lui apporte soulagement comme dans une
confession, mais aussi tout le reste, ce qui se livre à sa propre
auto-observation, tout ce qui lui vient à l’esprit, même si cela lui est
désagréable à dire, et aussi si cela lui paraît insignifiant ou même vide de
sens. S’il parvient après cette introduction à mettre hors circuit son
autocritique, il nous livre une quantité de matériel : pensées, idées
subites, souvenirs qui sont déjà placés sous l’influence de l’inconscient, en
sont souvent des rejetons directs, et qui nous mettent donc en situation de
deviner chez lui l’inconscient refoulé et d’élargir par notre médiation la
connaissance par son moi de son inconscient[1].
[…]
M. Lacan – C’est extraordinairement bien d’avoir mis en valeur cette phrase de l’Abrégé.
[…]