
Ces scènes de la vie consciente, dans le vaporetto, sur le divan, devant une photo oubliée, ces scènes de vie calme, presque immobile, d’une « inimportance positive », dit l’auteur, perdent leur indifférence, se renversent jusqu’à devenir l’inquiétude et la folie mêmes. En attendant qu’une femme à qui on ne demandait rien, vieille comme le destin, en livre le secret dans un italien patoisé : Ghe xe de le volte che se pol farse voler ben – il y a des moments où l’on peut se faire aimer.
Un théoricien renommé de la psychanalyse oublie ici la cohérence de la métapsychologie freudienne pour éprouver ce qu’il y a dessous, ou avant, ou à côté, le dérangement de la perception, le trouble non de l’inconscient – pour cela, pas besoin de témoignage extérieur – mais bien du conscient. Le conscient, la conscience : la seule énigme. À cette fin,son écriture retrouve le grand courant littéraire des années perdues, celles qui ont connu la mélancolie de Pavese, le pétillement de Calvino, l’émotion intense de Bassani.
Auteur : Antonio Alberto Semi
Traduit de l’italien par Michela Gribinski
Collection Connaissance de l’inconscient, Série Le principe de plaisir, Gallimard
Parution : 17-03-2016