
Vincent ne comprend pas… sa mère est morte il y a quelques semaines, « ça ne m’a rien fait… » Il aurait aimé pleurer à l’enterrement, rien n’est venu, pas même une montée de larmes qu’il aurait dû retenir. La mort de son chien, il y a un an, l’avait autrement ému. Mélanie « souffre » du mal inverse. Elle assistait la veille aux obsèques de la mère d’une amie, une femme tout juste aperçue une ou deux fois. Hier, comme à chaque mort à laquelle elle est conviée, elle s’est mise à sangloter bruyamment, attirant l’attention sur elle, y compris des proches moins évidemment éprouvés. « Tout cela est ridicule. » Elle qui n’a, à ce jour, perdu aucun étre cher, « perd » ces quasi-inconnus comme elle perdrait père et mère. Y a-t-il un affect qui soit jamais parfaitement à sa place ? Au-delà de réactions très déplacées, comme celles de Vincent et Mélanie, existe-t-il une façon d’étre touché qui serait l’exacte traduction d’un état d’âme ? Les mots de la question la rendent déjà instable, car celui qui a des « états d’âme » n’est pas le mieux placé pour nous en faire toucher la « vérité ».
Sous la direction de Jacques André, Catherine Chabert
Avec Solange Carton, Françoise Coblence, Aline Cohen de Lara, Marie Dessons, Catherine Matha.
Collection Petite bibliothèque de psychanalyse
Parution : 6 avril 2016
Sommaire
- Jacques André, « Introduction, L’affect est un faire »
- Catherine Chabert, « Transferts d’affects »
- Marie Dessons, « Le régime de l’angoisse. Les tornades de Tom : fureur et carnage »
- Aline Cohen de Lara, « Exode de la langue, exode des affects »
- Solange Carton, « Se déprendre de l’affect, en passer par l’affect »
- Catherine Matha, « Des mots en quête d’affects »
- Françoise Coblence, « L’affect ment-il ? »