J.LACAN
gaogoa
XXIII-LE SINTHOME
Version familiale (accueil provisoire)
note
SÉMINAIRE DU 18 NOVEMBRE 1975
Sinthome est une façon ancienne d’écrire ce qui a été ultérieurement
écrit symptôme.
Cette modification d’orthographe marque évidemment une date qui se
trouve être celle de l’injection de grec dans le français, la langue mienne.
De même Joyce, au premier chapitre d’Ulysse, émettait le vœu qu’on hellénise,
qu’on injecte la langue hellène on ne sait pas à quoi.
Joyce a écrit en anglais d’une façon telle que – comme l’a
remarqué dans Tel Quel quelqu’un dont j ’espère qu’il est dans
cette assemblée, Philippe Sollers – la langue anglaise n’existe plus.
Certes, elle avait déjà peu de consistance, ce qui
ne veut pas dire qu’il soit facile d’écrire dans cette langue. Mais Joyce y
a ajouté par la succession de ses oeuvres quelque chose qui fait penser au même
auteur qu’il faudrait écrire l’élangues, par où je suppose qu’il entend
désigner quelque chose comme l’élation Cette élation qu’on dit être au
principe de je ne sais quel sinthome que nous appelons en psychiatrie la manie
– et, c’est bien en effet ce à quoi ressemble la dernière oeuvre de Joyce,
Finnegan’s wake, celle qu ’il a si longtemps soutenue pour y attirer
l’attention générale.
La sollicitation de Jacques Aubert ici présent, et tout aussi pressant, m’a entraîné à
inaugurer Joyce au titre d’un symposium. C’est par-là que je me suis laissé
détourner de mon projet qui était, je vous l’ai annoncé l’année dernière,
d’intituler ce séminaire du 4, 5, 6. Je me suis contenté du 4 et je m’en réjouis,
car - le 4, 5, 6 j’y aurais sûrement succombé.
Cela ne veut pas dire que le 4 dont il s’agit me soit moins lourd, car
j’hérite de Freud, bien malgré moi, par ce que j’ai énoncé de mon temps
ce qui pouvait être tiré en bonne logique des bafouillages de ceux qu’il
appelait sa bande, cette clique qui suivait les réunions de Vienne D’aucun
d’eux, on ne peut dire qu’il ait suivi la voie que j’appelle
de bonne logique.
La nature, dirais-je pour
couper court, se spécifie de n’être pas une.
D’où le procédé logique pour l’aborder - : appeler nature ce
qu’on exclut du fait même de porter intérêt à quelque chose, ce quelque chose se distinguant d’être nommé.
La nature par ce procédé ne se risque à rien qu’à s’affirmer
d’être un pot-pourri de hors-nature.
L’avantage de ce dernier énoncé est le suivant - si vous trouvez que
le nommé tranche sur ce qui apparaît être la loi de la nature, que, par
exemple, il n’y a pas chez l’homme de rapport naturellement - sous toutes réserves
donc, ce naturellement - sexuel, vous êtes conduit à poser logiquement
que ce n’est pas là un privilège de l’homme.
N’allez pourtant pas à dire que le sexe n’est rien de naturel.
Tachez plutôt de savoir- ce qu’il en est dans chaque cas, de la bactérie à
l’oiseau - j’ai déjà fait allusion à l’un et à l’autre - de la bactérie
à l’oiseau, puisque ceux-là ont des noms.
Remarquons au passage que dans la création dite divine - divine
seulement en ceci qu’elle se réfère à la nomination - la bactérie n’est
pas nommée.
Elle
n’est pas plus nommée quand Dieu, bouffonnant l’homme supposé originel,
lui propose
de
commencer par dire le nom de chaque bestiole.
De ce premier déconnage, nous n’avons de trace qu’à en conclure
qu’Adam était, comme son nom l’indique – allusion à la fonction de
l’index de Pierce - qu’Adam était, selon le joke qu’en fait Joyce, une Madam,
et qu’il n’a nommé les bestiaux que dans la langue de celle-ci. Celle que
j’appellerai l’Evie - la Mère des vivants, c’est ce que ça veut
dire, en hébreu, si tant est que l’hébreu soit une langue - l’avait tout
de suite et bien pendue cette langue, puisqu’après le supposé du nommé par Adam, la première personne qui s’en sert est
bien elle,
pour parler au serpent.
La création dite divine se redouble donc de la
parlotte, du parlêtre, au serpent, que vous me permettrez d’appeler le serre-fesse, ultérieurement désigné comme
faille ou mieux phallus, puisqu’il en faut bien un pour faire le faux pas.
Voilà la faute première - c’est l’avantage de mon sinthome de
commencer par-là, sin en anglais veut dire le péché d’où la nécessité
que ne cesse pas la faille, laquelle s’agrandit toujours sauf à subir le cesse
de la castration comme possible.
Ce possible, j’ai dit autrefois que c’est ce qui cesse de s’écrire,
mais il faut mettre la virgule, que j’ai moi-même omise, C’est ce qui cesse
- virgule - de s’écrire. Ou plutôt cesserait d’en prendre le chemin, dans
le cas ou adviendrait enfin ce discours que j’ai évoqué tel qu’il ne
serait pas du semblant.
Y
a t-il impossibilité que la vérité devienne un produit du savoir-faire ? Non.
mais elle ne sera alors que mi-dite, s’incarnant d’un S1 de signifiant là où
il en faut au moins deux, Ève, l’unique La femme, mythique en ce sens que le
mythe la faite singulière, l’unique La femme à avoir jamais été
incontestablement possédé pour avoir goûté du fruit de l’arbre défendu,
celui de la Science, l’Evie, donc, n’est pas mortelle, plus que Socrate. La
femme dont il s’agit est un autre nom de Dieu, et c’est en quoi elle
n’existe pas.
On remarque le coté futé d’Aristote qui ne veut pas que le
singulier joue dans sa logique, l’1ais contrairement à ce qu’il
admettait, il faut dire que Socrate n’est pas homme, puisqu’il accepte de
mourir pour que la cité vive – car il l’accepte, c’est un fait. De
plus, à cette occasion il ne veut pas entendre parler sa femme, d’où ma
formule que je relève, si je puis dire, à votre usage en me servant du
que
j’ai relevé dans Aristote - la femme n’est toute que sous la forme dont
l’équivoque prend de lalangue nôtre son piquant sous la forme du mais pas ça,
comme on dit tout mais pas ça. C’était bien la position de Socrate,
le mais pas ça, et c’est ce que j ’introduis SOUS mon titre de cette année comme le sinthome.
Pour l’instant - pour l’instance de la lettre telle qu’ébauchée
jusqu’à présent, et n’espérez pas mieux comme je l’ai dit, ce qui en
sera de plus efficace ne fera pas mieux que déplacer le sinthome, voire de le
multiplier - pour l’instance donc présente, il y a le sinthomadaquin
que j’écris comme vous voudrez.
Joyce en bavait assez sur ce saint homme, et il faut
bien dire que pour ce qui est de la philosophie, on n’a jamais rien fait de
mieux Il n’y a même que cela de vrai. N’empêche que Joyce - consultez
la-dessus l’ouvrage de Jacques Aubert – ne s’y retrouve pas très bien
concernant ce à quoi il attache un grand prix et qu’il appelle le beau.
Il y a dans le
synthomadaquin, je ne sais quoi qu’il appel- le claritas, à quoi Joyce
substitue quelque chose comme la splendeur de l’Être, qui est bien le point
faible dont il s’agit. Est-ce une faiblesse personnelle ? - la splendeur de
l’Être ne me frappe pas. C’est en quoi Joyce fait déchoir le saint homme
de son madaquinisme, et contrairement à ce qu’il pourrait en apparaître à
première vue, de savoir son détachement de la politique, produit ce que
j’appellerais le sint’home rule.
Ce
Home rule - que le Free man journal représentait se levant derrière la banque
d’Irlande, ce qui le fait comme par hasard se lever au nord-ouest, ce qui
n’est pas d’usage pour un lever de soleil – c’est quand même, malgré
le grincement que nous voyons
à ce sujet dans Joyce, c’est quand même bien le sint’Home Rule, le
sinthome à roulettes, que Joyce conjoint.
Ces deux termes, on peut les nommer autrement. Je les
nomme ainsi en fonction des deux versants qui s’offraient à l’art de Joyce,
lequel nous occupera cette année en raison de ce que j’ai dit tout à
l’heure en l’introduisant et en nommant ce sinthome du nom qui lui convient,
en en déplaçant l’orthographe – les deux orthographes le concernent.
Mais il est un fait qu’il choisit, En quoi il est comme moi un hérétique,
car l’haeresis est bien ce qui spécifie l’hérétique. Il faut
choisir la voie par où prendre la vérité, ce d’autant plus que le choix une
fois fait n’empêche personne de le soumettre à confirmation, c’est-à-dire
d’être hérétique de la bonne façon - celle qui, d’avoir bien reconnu la
nature du sinthome, ne se prive pas d’en user logiquement, c’est-à-dire
jusqu’à atteindre son réel, au bout de quoi il n’a plus soif.
Lui a fait cela à vue de nez, car on ne pouvait plus mal partir - naître
à Dublin avec un père soulographe et plus ou moins feignant, c’est-à-dire
fanatique de deux familles, car c’est ainsi que ça se présente pour tous
quand on est fils de deux familles, quand on se croit mâle parce qu’on a un
petit bout de queue. Naturellement, par donnez-moi ce mot, il en faut plus. Mais
comme il avait la queue un peu lâche, si je puis dire, c’est son art qui a
suppléé à sa tenue phallique, et c’est toujours ainsi.
Le
phallus est la conjonction de ce parasite, le petit bout de queue en question,
avec la fonction de la parole. Et l’art de Joyce est le vrai répondant de son
phallus A part ça, disons que c’était un pauvre hère, et même un pauvre hère-étique.
Il n’y a de joycien à jouir de son hérésie que dans l’Université.
C’est lui qui l’a délibérément voulu que s’occupe de lui cette
engeance, et le plus fort est qu’il y a réussi, au-delà de toute mesure. Ca
dure, et ça durera encore. Il en voulait. pour trois cents ans, il l’a dit -
Je veux que les universitaires s’occupent de moi pendant. trois cents ans, et
il les aura, pour peu que Dieu ne nous atomise pas.
Ce hère - on ne peut pas dire cet hère,
c’est interdit par l’aspiration, ça embête même tellement tout le monde
qu’on dit le pauvre hère - ce hère s’est conçu comme un héros,
comme en témoigne le titre de Stephen Héro expressément donné au texte où
il prépare le Portrait of the artist as young man
.
J’aurais souhaité que vous disposiez de l’édition
procurée par Chester G. Anderson à la Viking Press qui comporte un criticism,
c’est-à-dire le recueil de quelques articles qu’ont pondus sur Joyce
quelques personnes, toutes universitaires – c’est d’ailleurs
une façon d’entrer à l’Université, car l’Université aspire les
Joyciens, elle leur donne des grades. Cette édition, il est impossible à
l’heure actuelle de l’avoir, Vous ne pouvez donc lire l’article qui ouvre
la liste, celui de Beebe, particulièrement gratiné je dois dire, après quoi
vous avez Hugh Kenner, qui, à mon avis, et peut-être à cause du sinthome -
madaquin, parle assez bien de Joyce.
Un portrait de l’artiste – il faut mettre tout l’accent sur le,
qui en anglais n’est pas bien sûr tout à fait notre article défini à nous,
mais on peut faire confiance à Joyce – s’il a dit le, c’est bien
qu’il pense que d’artiste, c’est lui le seul, que là, il est singulier.
As a young man, c’est très
suspect. En
français, cela se traduirait par comme, autrement dit il s’agit du
comment, Le français est indicatif de ceci - quand on parle comme en se servant
d’un adverbe, quand on dit réellement, mentalement, héroïquement, on
ment. Il y a du mensonge indiqué dans tout adverbe et ce n’est pas là
accident (quand nous interprétons, nous devons y faire attention).
Quelqu’un qui n’est pas très loin de moi faisait la remarque à
propos de la langue en tant
qu ’elle désigne l’instrument de la parole, que c’était elle aussi qui
portait les papilles dites du goût. Je lui rétorquerai que ce n’est pas pour
rien, - ce qu’on dit ment.
Vous avez la bonté de rigoler, mais ce n’est pas drôle. En fin de
comptez, nous n’avons que ça, comme arme contre le symptôme – l’équivoque.
Il arrive que je me paie le luxe de contrôler, comme
on appelle ça, un certain nombre de gens qui se sont autorisés eux- mêmes,
selon ma formule, à être analystes, Il y a deux étapes. Il y a une étape où
ils sont comme le rhinocéros, ils font à peu près n’importe quoi, et je les
approuve toujours - ils ont en effet toujours raison. La deuxième étape
consiste à jouer de cette équivoque qui pourrait libérer le sinthome car
c’est uniquement par l’équivoque que l’interprétation opère.
Il
faut qu’il y ait quelque chose dans le signifiant qui résonne. On est surpris
que cela ne soit nullement apparu aux philosophes anglais Je les appelle
philosophes parce que ce ne sont pas des psychanalystes - ils croient dur comme
fer à ce que la parole n’a pas d’effet. Ils s’imaginent qu’il y a des
pulsions et encore quand ils veulent bien ne pas traduire pulsion par instinct,
car
ils ne savent pas que les pulsions, c’est l’écho dans le corps du
fait qu’il y a un dire, mais que ce dire, pour qu’il résonne, pour qu’il
consonne, mot du sinthomadaquin, il faut que le corps y soit sensible.
Qu’il l’est, c’est un fait.
C’est parce que le corps a quelques orifices dont le plus
important, parce qu’il ne peut pas se boucher, se clore, est l’oreille, que
répond dans le corps ce que j’ai appelé la voix. L’embarrassement est
assurément qu’il n’y a pas que l’oreille.
Le regard lui fait une concurrence éminente.
-More
geometrico – à cause de la forme chère à Platon, l’individu se présente
comme il est foutu, comme un corps, et ce corps a une puissance de captivation
qui est telle que, jusqu’à un certain point, c’est les aveugles qu’il
faudrait envier, Comment un aveugle, si tant est qu’il se serve du
braille, peut-il lire Euclide. L’étonnant est ceci, que la forme ne livre que
le sac au si vous voulez la bulle. Elle est quelque chose qui se
gonfle, et dont j’ai déjà dit ces effets, à propos de l’obsessionnel qui
en est féru plus qu’un autre, L’obsessionnel, ai-je dit quelque
part, est de l’ordre de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf,
on en sait les effets par une fable. Il est particulièrement difficile
on le sait d’arracher l’obsessionnel à cette emprise du regard.
Le sac en tant qu’il s’imagine dans la théorie de l’ensemble
telle que l’a fondée Cantor se manifeste, voire se démontre si toute démonstration
est tenue pour démontrer l’imaginaire qu’elle implique, ce sac, dis-je, mérite
d’être connoté d’un ambigu de I et de O, seuls supports adéquats de ce à
quoi confine l’ensemble vide qui s’impose dans cette théorie. D’où notre
scription. Elle ne fait pas l’un, mais elle l’indique comme pouvant ne rien
contenir, être un sac vide.
Un sac vide n’en reste pas moins un sac, soit
l’un qui n’est imaginable
que de l’existence et de la consistance qu’a le corps, d’être peau, Cette
existence et cette consistance, il faut les tenir pour réelles, puisque le réel,
c’est de les tenir, d’où le
mot Begriff qui veut dire ça.
L’imaginaire montre ici son homogénéité au réel. Cette homogénéité
ne tient qu’au fait du nombre en tant qu’il est binaire, l ou 0, c’est-à-dire
qu’il ne supporte le 2 que de ce que 1 ne soit pas 0, qu’il existe au zéro,
mais n’y consista en rien, C’est ainsi que la théorie de Cantor doit
repartir du couple, mais qu’alors l’ensemble y est tiers. De l’ensemble
premier à ce qui est l’autre, la jonction ne se fait pas.
C’est en quoi le symbole en remet sur l’imaginaire, lui à
l’indice 2. Indiquant qu’il est couple, il introduit la division dans le
sujet quel qu’il soit de ce qui s’y énonce de faits restant suspendus à
l’énigme de l’énonciation qui n’est que fait fermé sur lui, le fait du
fait.
L’inouï est que les hommes aient bien vu que le symbole ne pouvaient
être qu’une pièce cassée et
ce de tout temps, mais qu’ils n’aient pas vu que cela comportait l’unité
et la réciprocité du signifiant
et du signifié – conséquemment que le signifié d’origine ne veut rien
dire, qu’il n’est qu’un signe
d’arbitrage entre deux signifiants, et de ce fait
pas d’arbitraire pour le choix de ceux-ci.
Il
n’y a d’umpire, pour le dire comme Joyce l’écrit, qu’à par tir de
l’empire, de l’imperium sur le corps, comme tout en porte la marque
et l’ordalie.
Ici le I confirme son détachement
d’avec le 2. Il ne fait 3 que par forçage imaginaire, celui qui impose
qu’une volonté suggère à l’un de molester l’autre sans être lié à
aucun.
Pour que la condition fut expressément posée de ce qu’à
partir de trois anneaux on fit une chaîne telle que la rupture d’un seule
quelconque rendit l’un de l’autre les deux autres libres, il a fallu
qu’on s’aperçut que c’était inscrit aux armoiries des Borromées. Le nœud
dit de ce fait borroméen était déjà là sans que personne se fut avisé
d’en tirer conséquence.
C’est une erreur de penser que ce nœud soit une norme pour le
rapport des trois fonctions qui n’existent que chez l’être
qui de ce fait
se croit être homme, Ce n’est pas que soient rompus le symbolique,
l’imaginaire et le réel, qui définit la perversion, c’est qu’ils sont
distincts. Il faut dès lors supposer tétradique le lien borroméen. Le quatrième,
en l’occasion, est le sinthome C’est aussi bien le Père, pour autant que
perversion ne veut dire que version vers le père, et que le Père
n’est en somme qu’un symptôme, ou un sinthome, comme vous voudrez.
L’existence du symptôme est impliqué par la position même, par le lien de
l’imaginaire, du symbolique et du réel énigmatique ( ... ).
Le complexe d’Oedipe est comme tel un symptôme. C’est en tant que
le Nom-du-Père est aussi le Père
du nom que tout se soutient, ce qui ne rend pas moins nécessaire le symptôme.
Cet autre dont il s ’agit est ce qui se manifeste dans Joyce par ceci
qu’il est en somme chargé de père. Ce père, il s’avère dans Ulysses
que, Joyce doit le soutenir pour qu’il subsiste, par son art - art qui est
toujours ce quelque chose qui, du fond des ages, nous vient comme issu de
l’artisan – Joyce non seulement fait subsister son père, sa famille, mais
l’illustre, et illustre du même coup ce qu’il appelle my country,
l’esprit incréé de sa race.
C’est la phrase qui termine le Portrait de
l’artiste, et c’est là ce dont il se donne la mission.
J’annonce maintenant ce que va être cette année de mon
interrogation sur l’art – en quoi peut-il viser expressément ce qui se représente
comme symptôme? –en quoi l’art, l’artisanat, peut-il déjouer ce qui
s’impose du symptôme, à savoir ce que j’ai figuré dans mes tétraèdes
comme la vérité?
La vérité, où est-elle? Dans cette
occasion j’ai dit qu’elle était quelque part dans le discours du Maître,
comme supposée dans le sujet en tant que, divisé, il est encore sujet du
phantasme. Contrairement à ce que j’avais figuré d’abord, c’est au
niveau de la vérité que nous pouvons considérer le mi-dit. En effet, le sujet
à cet état ne peut se représenter que du signifiant comme indice 1, tandis
que le signifiant indice 2 se représente de la duplicité du symbole et du
symptôme. S2 est l’artisan, en tant que par la conjonction de deux
signifiants il est capable de produire l’objet a, que j’ai illustré du
rapport de l’oreille et à l’œil, voir en évoquant la bouche close.
C’est en tant que le discours du Père règne que le S2 se divise. Cette
division est celle du symbole et du symptôme. Mais elle est si l’on peut
dire, reflétée par la division du sujet. Et c’est l’insistance de ce
sujet, soit ce qu’un signifiant représente auprès d’un autre signifiant,
qui nous nécessite à montrer que c’est dans le symptôme qu’un de ces deux
signifiants du symbolisme prend son support. En ce sen, on peut dire que dans
l’articulation du symptôme au symbole il n’y a qu’un faux trou.
Supposer la consistance d’une quelconque de ces fonctions,
symbolique, imaginaire et réel, comme faisant cercle, c’est supposer un trou.
Mais s’agissant du symbole et du symptôme, ce qui fait trou, c’est
l’ensemble lié l’un sur l’autre de ces deux cercles.
Ici, comme l’a assez bien figuré SOURY, pour avoir un vrai trou,
il faut quelque chose qui ressemble à une soufflure, à un tore, cerner chacun
de ces trous dans quelque chose qui les fait tenir ensemble.
Supposer simplement ici une droite - elle remplira le même rôle.
Nous aurons à reparler de ce que c’est qu’une droite, de ce
que en quoi elle subsiste, d’en quoi elle est parente d’un cercle. Le
cercle, il faudra assurément que j’y revienne, le cercle a une fonction bien
connue de la police, il sert à circuler, et c’est en ça que la police a un
soutien qui ne date pas d’hier, puisqu’il s’agit simplement que le
tournage en rond se perpétue.
Que l’adjonction d’une droite infinie au faux trou le
transforme en un trou subsistant borroméennement, c’est sur ce point que je
m’arrête aujourd’hui.
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire,
ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par
avance de m'adresser un email.
Haut
de Page