A. Diagrammatique

Ce appendice reprend essentiellement une des parties théoriques du précédent travail [Sib96] déjà mentionné. Voici ce qui était décrit.

Il est important de noter que ceci est un travail sur les relations entre des termes. Réciproquement, chaque terme se décrit comme tel, de par ses relations aux autres. Il ne devrait donc pas être nécessaire — au moins idéalement — de connecter les termes aux sens qu'ils ont en dehors du corpus des phrases. Dans cet ordre d'idées, il y a davantage lieu de rechercher des significations que des sens.A..1 Il faut également rappeler la découverte de Lacan concernant la structure du signifiant. Il n'est rien par lui-même, il représente pour un autre signifiant. Il ne se définit pas par un contenu qui lui serait propre, mais par ses différences avec les autres signifiants. De plus, les relations qui les nouent ont la particularité d'être elles-mêmes des signifiants.A..2

Voici quelques propositions extraites des textes écrits et non des séminaires.

Quelles dérivations peut-on construire à partir de ces propositions? Par exemple, L'Autre est le lieu de la parole, s'établit sur trois concepts: Autre, lieu, parole. Mais cela ne dit pas en quoi Autre, lieu, parole sont liés aux autres mots de la langue. Par contre ça dit que l'Autre est une sorte de lieu, une variété de lieu, et ça indique que la parole habite en un lieu, celui-ci.

Dans L'inconscient est structuré comme un langage, ça ne dit pas ce qu'est l'inconscient, ni ce qu'est le langage. Mais ça indique qu'il y a un isomorphisme entre les deux structures, et que les structures du langage s'appliquent à celles de l'inconscient. Ça ne dit pas que l'inconscient est un langage, mais que des opérateurs fonctionnent. Ainsi une conclusion de ce théorème est les opérateurs de la linguistique fonctionnent sur l'inconscient.

Ainsi une dialectique se construit par l'arrangement de ces propositions (dérivables).

Le moi a une structure imaginaire; mais lorsqu'un symbole est forclos, alors celui-ci n'entre pas dans l'imaginaire. Et c'est la forclusion du symbole du Nom-du-Père et l'échec de la métaphore paternelle qui conditionnent l'entrée dans la psychose. Le défaut de ce signifiant essentiel ouvre un trou dans le signifié.

Le signifié de la métaphore est un signifiant latent. Mais dans la psychose stabilisée, signifiant et signifié se stabilisent dans une métaphore délirante. Ce délire a une fonction objectivante pour le sujet dans un langage dépourvu de dialectique, etc.
Ce qui est présenté ici s'inscrit dans un travail plus vaste d'exploitation de ces propositions, un travail de constitution du réseau sémantique des relations repérables. Voici un exemple de ce que pourrait être cette suite.

Prenons la série d'assertions qui pourrait donner lieu au diagramme de la figure ici. Il provient de quelques phrases qui mettent en relation un nombre restreint de termes. Et malgré cela il est difficile de le représenter à plat sans recouvrement, et en conservant une certaine lisibilité.

Figure A.0.1: Diagrammatique
\begin{figure}\centering\epsfig{file=/home/jacsib/latex/images/kl-gr1.eps,width=92mm}
\end{figure}

Il est possible, bien que difficile, de `lire' ce diagramme en utilisant les quelques règles suivantes.

Ce type de représentation est repris de celui proposé par R. BRACHMAN et J. SCHMOLZE pour KL-ONE [BS85,SB82].

On peut tenter de “traduire en français” cette construction, en nommant chaque relation. Voici ce que cela peut produire.

Il y a une leçon à tirer de la pauvreté littéraire du résultat. Les mathèmes se prêtent mal à une transcription littérale dans la langue de base, le français courant. Cela ne les rend pourtant pas moins utilisables comme mathèmes.

Alors comment faire avec des centaines de termes et des milliers de relations?

Ces éléments sont constitutifs d'une sorte de diagrammatique sémantique. Il est possible de les représenter à l'aide de diagrammes à multiples dimensions.

Chaque terme est en relation avec deux ou trois autres dans chaque phrase. Quand le nombre de relations entre termes est très restreint, il est possible de les représenter avec des ronds et des flèches sur une feuille de papier. Mais très vite, il faut disposer d'une troisième dimension si l'on veut éviter que les flèches ne se croisent. En ajoutant une ou deux phrases supplémentaires, il faut disposer de quatre ou cinq dimensions.

Si on veut représenter sur un papier le foisonnement des relations entre les termes, il n'y a pas de solution simple, graphique. On peut choisir de représenter des diagrammes partiels. Ainsi les diagrammes sont présents, mais ils sont invisibles en utilisant les supports habituels de l'image.

Quels sont les axes de solutions possibles? Il est envisageable de repousser un peu le point de coinçage par l'utilisation, pour les croisements de flèches, d'impressions de dessus dessous. Une autre façon de faire est liée aux facilités de l'informatique. En effet, dans une base de connaissances au sens informatique n'est pas limité en terme de nombre de dimensions. Toute l'astuce consistera ensuite à visualiser sur l'écran de l'ordinateur la ou les parties du réseau auquel l'utilisateur porte son intérêtA..8.

Une dernière possibilité — et probablement la seule viable — fait appel à la capacité qu'a le sujet de l'inconscient d'évoluer dans un univers de diagrammes à multiples dimensions. Mais pour cela il faut faire un détour par les mathèmes. Ils permettent d'évoluer dans les relations multiples. Ces parcours sont descriptibles par — et inscriptibles dans — la topologie des nœuds.

Ils peuvent bien sûr s'écrire avec des petites lettres; mais ils peuvent aussi s'écrire avec des phrases en français.

Jacques B. Siboni 2024-11-08