05-06-1914 Freud til Abraham

* Vienna, IX, Berggasse 19

5.6.14.

Cher ami,

J’ai lu hier votre travail pour le Jahrbuch et je ne puis me retenir de vous en féliciter. Je pense que c’est la meilleure contribution clinique que l’on ait jamais vue dans les 5 volumes : son assurance, sa correction, sa richesse, son intérêt n’ont pas d’égaux. Vivant sequentes!

Rank vous aura parlé des intérêts politiques immédiats qui nous préoccupent actuellement. Vous pensez que les Suisses et leur appendice munichois partiront avant le congrès; je ne partage pas votre assurance. En tout cas, cela reste incertain et nos préparatifs pour le congrès en sont perturbés : pour le cas où ils seraient présents, ils devront bien être différents que pour le cas contraire, où nous pourrons avoir la paix parmi nous.

Il y aurait un moyen : ce serait de demander (à temps) directement à Maeder et à Seif si leurs groupes pensent parti­ciper au congrès, en expliquant clairement que cette demande est motivée par la nécessité de déterminer le thème de dis­cussion.

Je pense pour moi au thème : « Objet et fin d’une association psychanalytique », dans le but de justifier l’existence de l’Asso­ciation, de rejeter les objections portant sur les restrictions apportées à la recherche scientifique, et de donner aux Suisses, s’ils sont participants, un consilium abeundi. Le thème pourrait rester le même dans le cas où nous ne serions déjà à l’abri des troubles. Je ne me soucie nullement des effets que cela produira sur les groupes américains, qui, de toute façon, ne pourront jamais être étroitement associés à nous. J’espère que Londres restera avec nous.

J’ai trouvé très élégant, et j’ai défendu le procédé contre Rank, que vous n’ayez pas, dans votre Korrespondenzblatt, dénoncé plus explicitement la sale besogne des Zurichois. Mais au congrès, vous n’auriez pas besoin de prendre des gants.

Salutations cordiales.

Votre fidèle

Freud.