24-04-1914 Freud à Αβραάμ

* Βιέννη, IX, Berggasse 19

24.4.14.

Αγαπητέ φίλε,

Vous avez certainement été aussi étonné que moi de voir avec quelle sollicitude Jung règle nos affaires. Notre réserve a fini par porter ses fruits ; d’une manière ou d’une autre, nous serons débarrassés de lui, peut-être même des Suisses dans leur ensemble.

J’ai aussitôt fait entrer en action la convocation de la confé­rence des présidents et j’ai demandé à Rank de rédiger une circulaire qui doit permettre de prendre une décision par lettre et de s’épargner ainsi un voyage. La démarche s’accomplira en deux temps : tout d’abord auprès des amis, et seulement si ceux-ci sont d’accord, de manière officielle auprès de tous les présidents (c.à.d. deux personnes de plus). Je vous demande de soutenir la proposition qui veut vous attribuer la direction jusqu’au congrès.

J’ai beaucoup apprécié Brioni (2), mais dès là-bas, j’ai lutté contre une indisposition qui ne m’était pas connue et qui s’est déclarée ici sous la forme d’une trachéo-laryngite grave. En ce moment encore, je ne suis pas bien du tout et sur le plan intellectuel, en particulier, je suis complètement inactif. Peut-être nos membres sont-ils alourdis par l’ivresse du printemps.

Hitschmann trouve que le Jahrbuch est déjà plus que rempli, de sorte que Rank et Sachs ont retiré leur contribution. On peut très bien accepter Sadger et le garder en réserve.

La semaine dernière, j’ai parlé avec deux membres du groupe américain de Ward’s Island (le groupe le plus sérieux) ; ils m’ont assuré que l’influence de Jung chez eux n’est pas du tout importante. Il semble qu’il ait un ferme appui en la personne de Jellife.

Avec mes salutations cordiales à vous et à votre chère femme, et avec mes meilleurs vœux pour la nouvelle ère ajungienne,

Freud σας.

2. Ile de l’Adriatique.