15-05-1914 Abraham Freud

* Berlin W, Rankenstraße 24

15-5-14.

Kjære Professor,

Je ne me suis vraiment pas préoccupé de votre état de santé dans ma dernière lettre; je pensais qu’il n’y avait rien de grave. Voilà ce qu’il arrive quand vos propres douleurs vous enferment dans votre narcissisme. Je m’empresse d’apporter ma voix très chaleureuse aux bons vœux de votre médecin. J’espère que j’apprendrai très prochainement que vous trouvez en vous-même et dans votre travail toute satisfaction. En atten­dant, peut-être appliquerez-vous un peu à votre santé l’épigra­phe dont vous me parlez! Car, en réalité, vous ne semblez pas justifié à voir les choses en noir.

En ce qui concerne la question de la présidence, je suis entiè­rement d’accord avec vous. A ceci près que je ne comprends pas du tout en quoi ma proposition concernant la présidence d’honneur sent le « à la retraite », étant donné que son inten­tion est de faire que vous dirigiez activement nos congrès. Je n’ai pas besoin, bien sûr, de vous assurer que ma préférence absolue serait de vous voir président. Cette question trouvera certainement, dans le cercle étroit de nos amis, sa solution la plus juste.

Cette lettre, kjære lærer, ne demande pas de réponse. Ne vous donnez donc pas, juste en cette période, de peine inutile. Je veux compléter ce que je vous ai annoncé la dernière fois en vous disant que j’ai en chantier un petit essai : « Des rela­tions entre la pulsion de nourriture et la pulsion sexuelle (1). » La Zeitschrift ne doit tout de même pas rester sans contribu­tion de moi.

Je vous en dirai plus sur nos projets pour cet été, dès que j’en saurai plus moi-même! A l’occasion, j’aimerais savoir quand vos vacances commencent; milieu juillet ou plus tard? Avec mes salutations cordiales et mes meilleurs vœux,

Din Karl Abraham.


1. CF. article cite en note 2 de la lettre du 3.3.13.