13-08-1914 Jones à Freud

13 août 1914

69 Portland Court, Londres

Cher professeur,

J’espère qu’Anna fait bien de rentrer chez elle maintenant, car je me doute que vous ne la croyez pas en sécurité en Angleterre. Mais elle a bataillé pour prendre la meilleure décision, et elle a été très courageuse tout au long de cette crise.

Elle vous donnera les nouvelles anglaises, il est donc inutile que j’écrive. Person­nellement, j’estime que mon devoir est de rester à mon poste, et de continuer à exer­cer, plutôt que de m’engager. Cela a aussi l’avantage que je pourrai aider financière­ment nos amis de Vienne (Rank, etc.), ce que la guerre rendra peut-être nécessaire; j’ai voulu envoyer de l’argent dès maintenant, mais il est impossible de se procurer des billets de banque autrichiens à Londres.

Je suis terriblement impatient d’avoir des nouvelles de vous et de nos amis, et espère que vous tâcherez de communiquer via Bjerre, Van Emden, Pfister ou Assagioli. J’irai prochainement en Hollande voir Van Emden et apprendre ce qu’il sait.

Avec toute l’affection

de votre fidèle et dévoué Jones.