Kategori Arkiv: Sigmund Freud

15-11-1914 Jones à Freud

15 November 1914

69 Portland Court, Londres

Cher professeur,

Martin, je crois, part pour la Russie le 28 November. Il m’a envoyé une carte pos­tale de vous, comme V. Emden, et j’ai reçu la lettre de votre ami archéologue1. Reçu aujourd’hui de Jekels, via V. Emden, son article sur Napoléon2, qui m’intéressera au plus haut point ; auriez-vous la gentillesse de l’en remercier, car je n’ai pas son adresse, je vous serais grandement obligé si vous pouviez me faire adresser les revues, dont le Jahrbuch, via V. Emden ; le Dr Bisschop3 lui rendra visite et passera les chercher lors de son prochain séjour à La Haye. Loe et moi échangeons aussi toutes les lettres, osv., que nous recevons, de manière à avoir les toutes dernières nouvelles de vous et de votre famille. Nous aurons particulièrement hâte d’avoir des nouvelles du sort de vos fils, et de savoir ce que deviennent Rank et Sachs.

Je donnerais beaucoup pour avoir une heure de discussion avec vous, dont je crains qu’il faille la reporter jusqu’à l’été 1916, peut-être, et je ne sais pas par quel sujet commencer dans une lettre. J’espère vivement que vous pourrez distraire quelque attention de la guerre, et la consacrer à des tâches plus productives, en sorte que les écrits qui sortiront de vos loisirs accrus compensent, jusqu’à un certain point, les autres choses (ce que Ferenczi appelle nachkriechende Lust (4)). Qu’en est-il de l’article sur l’hystérie pour le Handbuch5? De même, qu’écrivez-vous pour Imago ? J’ai écrit à Payne pour lui proposer un coup de main dans la traduction de l’essai historique, si c’est d’accord avec Brill. Vous dites qu’il paraît dans la revue de Prince, mais je pen­sais que c’était dans la Review de Jelliffe6. Janet a republié sa communication des Congress Transactions dans son propre Journal de Psychologie et dans la revue de Prince7. Il n’a pas apporté la moindre correction à ses exposés fautifs, et j’ai donc rédigé une réponse qui devrait paraître dans la livraison de décembre du Tidsskrift for unormal psykologi (8). Comme vous l’imaginez bien, elle est libérale, et calculée pour affecter sa réputation en Amérique.

Nous n’avons eu qu’une seule réunion de notre société depuis juillet, voici une quinzaine. Elle a été orageuse. Constance Long a lu un texte stupide de Jung, annonçant des découvertes du genre : une automobile dans un rêve symbolise l’en­thousiasme ; et quand j’ai critiqué cette communication, Eder et son épouse se sont conduits avec la plus grande obstination. J’ai souhaité qu’il n’y ait plus de réunion jusqu’à la fin de la guerre, ou tout au moins pendant un an (dans l’espoir que les théologiens prennent peu à peu leur distance et finissent par se retirer), mais après une discussion animée il a été décidé que la prochaine réunion aura lieu fin janvier ; j’y présenterai une communication sur les vues de Jung. L’opinion qu’ils défendent est que la méthode de Jung constitue une variante, et une évolution légitime, de la Ps-A, et que la différence entre ses vues et les nôtres n’est pas grande au point d’exclure toute collaboration, mon opinion passant au contraire pour de l’entête­ment et du dogmatisme9. Malheureusement, il n’y a personne de mon côté, hormis Bryan, qui ne sait pas grand-chose, la plupart des membres étant des spectateurs assez passifs. Mais vous pouvez être certain que je ferai de mon mieux pour défendre nos couleurs.

Je reçois de temps à autre des journaux allemands, et j’ai su ainsi que ce que notre presse dit de la misère à Vienne et du choléra en Galicie était grandement exagéré. Til gjengjeld, je vous demande de croire que la Banque d’Angleterre n’a pas été détruite par les bombes, que lEgypte et l’Inde ne se sont pas révoltées, et que nos côtes n’ont pas été bombardées par la flotte allemande ! Il n’y a aucune animosité ici contre l’Au­triche, l’idée étant qu’elle s’est fait exploiter par l’Allemagne. On fait une distinction intelligente entre la Prusse et le reste, et la rancœur est grande contre son arrogance brutale et son mépris absolu des conventions de La Haye. Il y a beaucoup de « sekun­däre Bearbeitung» en la matière, et le peu de valeur de la science allemande a été découvert par la guerre, de la même façon que certaines personnes que nous pour­rions citer ont renoncé à leur croyance en la sexualité infantile pour des prétextes aussi peu pertinents. Personnellement, il m’est très pénible de voir le peu d’objecti­vité dont même des hommes de science ont fait preuve de part et d’autres sur des questions relatives aux causes, aux mobiles et à la conduite de la guerre. Wundt et Eucken, on pouvait l’imaginer, mais Ostwald10 ! Il me semble qu’ici, comme ailleurs, les seuls qui aient une véritable occasion d’afficher leur supériorité à cet égard sont les psychanalystes. J’espère que nous pourrons apprendre quelque chose de la psy­chologie du nationalisme et du patriotisme, tant l’heure est propice pour étudier une question d’une telle importance, et je suis certain que vous y consacrez une bonne partie de votre attention. A ce qu’il me semble, je crois pouvoir maintenir un assez bon équilibre entre les arguments avancés de part et d’autre, et la seule vraie raison [pour laquelle je11] que je puisse donner de mon désir que notre camp l’emporte, c’est que, dans l’ensemble, l’Anglais moyen m’est plus proche et plus sympathique que l’Allemand moyen, surtout le Prussien moyen. On a peine à voir quel principe vital est en jeu dans le conflit, qui est en somme assez puéril : il s’agit de voir qui est le plus fort, et l’on n’arrive pas à s’entendre sur ce point sans recourir à l’épreuve de force. Au-delà d’une formidable abréaction de pugnacité, je ne pense pas qu’il sortira grand-chose de toute la guerre, car de toute évidence l’Allemagne ne peut gagner, pas plus qu’elle ne saurait être vraiment écrasée, et même si la Bosnie, la Galicie et l’Alsace sont permutées, l’affaire n’a pas grande importance. Mais tout se passe comme si l’Allemagne devait en conserver une haine durable de l’Angleterre, ce qui est regrettable mais apparemment inévitable.

J’aimerais beaucoup avoir quelque aperçu de votre attitude personnelle à l’égard de la guerre, et savoir jusqu’où vous vous sentez concerné. Le fait que vos fils soient impliqués est bien entendu de nature à faire une différence de taille.

Sur le plan personnel, pas grand-chose de neuf. La clientèle continue à augmen­ter, mais je trouve le temps de faire autre chose. J’ai terminé mon livre sur le trai­tement et je m’attaque maintenant à la traduction des articles de Ferenczi12. Après cela, vient peut-être Napoléon, l’atmosphère étant propice à des sujets de ce genre, puis au gros livre profane sur la Ps-A13. Je vois Loe assez souvent. Elle a des ennuis physiques à présent, mais elle est heureuse et, dans l’ensemble, elle va bien ; sa nouvelle maison sera prête autour du mois de janvier. Mon état de santé a laissé à désirer (arthrite toxique et névrite), mais j’espère y remédier le mois prochain par une opération pour retirer la cloison nasale, les cornets des fosses nasales, et une exploration de l’antre — ce qui signifiera deux semaines d’hospitalisation. Je suis ravi d’apprendre que notre cercle a décidé de ne pas me considérer comme un ennemi, et de voir qu’ils ont ainsi pu corriger la tendance irrationnelle à la Ver­dichtung inconsciente qui leur aurait permis autrement de le faire. De mon côté, je n’ai moi non plus aucune difficulté à dissocier l’amitié personnelle de la rivalité nationale.

Cette lettre ne contenant aucun secret militaire, j’espère qu’elle arrivera à bon port, et c’est avec une vive impatience que j’attendrai votre prochaine lettre. Soyez assez bon pour transmettre mes chaleureuses salutations au Comité et aux vôtres, tout en gardant pour vous les plus chaleureuses.

Bien fidèlement à vous Jones.

  1. Pour une évocation plus fouillée de cette première période de la guerre, voir Jones (1955 a, p. 173-174; 1955 b, p. 194-195).
  2. Jekels (1914).
  3. Peut-être Francis R. B. Bisshopp, M.D. 1892, Londres.
  4. Dans ses notes et fragments du 2 November 1932, Ferenczi emploie l’expression Nachkriechen der Lust (plaisir rampant derrière la douleur) ; voir Ferenczi (1932, p. 277 ; 1955, p. 265).
  5. Voir lettre 200, note 7.
  6. Jones évoque plus longuement l’épisode Brill (1916 b) dans la lettre 208.
  7. Janet (1914).
  8. Jones (1915 b) ; mais voir aussi Freud (1916 e).
  9. Jones avait écrit dogmaticness, au lieu de dogmatism, puis rayé cness pour ajouter sm.
  10. Tout au long du mois d’octobre 1914, des savants et des hommes de science des deux côtés avaient fait des déclarations sur la légitimité de leurs causes respectives. Le manifeste des professeurs allemands, publié dans la Frankfurter Zeitung du 4 Oktober 1914, était signé par 93 membres de l’élite intellectuelle allemande, dont Wilhelm Wundt (1832-1920), professeur de physiologie à Leipzig et fon­dateur de la psychologie expérimentale; Rudolf Christoph Eucken (1846-1926), professeur de philoso­phie à léna, idéaliste, prix Nobel de littérature (1908) ; et Wilhelm Ostwald (1853-1932), professeur de Chimie à Leipzig, et prix Nobel de chimie (1909). Voir Klaus Schwabe, Wissenschaft und Kriegsmoral : Die deutschen Hochschullehrer und die politischen Grundfragen des Ersten Weltkrieges, Göttingen, Musterschmidt, 1969, p. 22 ; ainsi que Hermann Kellermann, Der Krieg der Geister : Eine Auslese deutscher und ausländischer Stimmen zum Weltkriege 1914, Weimar, Heimat & Welt, 1915, p. 64-69.

La réponse britannique, Reply to German Professors : Reasoned Statement by British Scholars, parut dans le Times du 21 Oktober 1914, p. 10. Jones a sans doute remarqué également les prises de posi­tion personnelles de divers hommes de science. Le 5 Oktober 1914, par exemple, den Times publia en page 9 une courte lettre d’Eucken, adressée en Amérique, où celui-ci affirmait que, « jamais, dans l’his­toire, l’Allemagne n’avait été si unie et si grandeTout pousse à prendre les armes. L’amertume est au plus fort contre l’Angleterre. Elle sera à jamais considérée comme notre pire ennemie, et c’en est fini de notre collaboration intellectuelle pour un temps incalculable». De même, den 31 Oktober 1914, en p. 7, den Times fait état de la visite à Stockholm du Pr Ostwald, venu en qualité de délégué à une nouvelle asso­ciation pour la promotion d’une Ligue de la «Kultur» allemande. På 1910, le même Ostwald avait demandé à Freud un article pour les Annalen der Naturphilosophie, mais l’affaire en était restée là. Voir McGuire (1974, p. 315, 322) et Jones (1955a p. 78 ; 1955 b, p. 86-87).

11. Rayé dans l’original.

12. Jones (1920 b, 1916 b).

13. Aucun de ces travaux ne fut achevé.

14-11-1914 Freud à Eitingon

71 F

Vienna, den 14 November 1914a

Cher Docteur

Je suis heureux de recevoir de vos nouvelles. Pas grand-chose à dire à notre propos, deux fils à l’armée, l’un peut-être un peu malade, à Salzbourg et Klagenfurt1. Pratique presque entièrement interrompue, j’écris beau­coup2. J’ai été douze jours à Berlin et à Hambourg; très réjouissant. Nos membres médecins tous occupés. Landauer3 et Winterstein4 sur le front,

Rank3, Sachs6, Reik(7) attendent le conseil de révision, Ferenczi8 est au 7e régi­ment de hussards Honved à Pápa. – « L’Histoire du mouvement psychanalytiqueb » publiée, je dois chercher si l’on trouve un exemplaire. Salutations cordiales. Donnez-moi d’autres nouvelles, s’il vous plaît

Freud

  1. Carte postale militaire.
  2. Freud écrit en majuscules grecques PsA [= normalement : psychanalyse].
  3. A Salzbourg se trouvait Martin Freud, à Klagenfurt Ernst (celui qui était « un peu malade ») qui, après suspension de son ajournement, avait fait valoir son « droit de volon­taire » (Freud à Abr., 18 Oktober).
  4. Ce jour-là, il avait achevé l’anamnèse de « l’Homme aux loups » (Freud 1918b) (F/Fer II/1, p. 79).
  5. Karl Landauer (1887-1945), psychiatre et neurologue, membre de l’APV en 1913, passe en 1925 à l’APB (Corr.). Depuis 1919 à Francfort-sur-le-Main, i 1929 cofondateur de l’Institut psychanalytique de Francfort. Emigre en Hollande en 1933, mort au camp de concentration de Bergen-Belsen (BL/W; H.-J. Rothe 1987).
  6. Alfred von Winterstein (1885-1958), docteur ès lettres, membre de l’APV en 1910 (BL/W).
  7. Otto Rank (1884-1939), depuis 1906 secrétaire rémunéré de la Société du mercredi viennoise (APV), 1912 docteur ès lettres, à partir de 1912, corédacteur en chef d’Imago, à partir de 1913, rédacteur en chef exécutif de la Zeitschrift. Après la guerre, cabinet de psy­chanalyse (se 194 F+8), 1919, directeur de l’Internationaler Psychoanalytischer Verlag, 1922, vice-président de l’APV. 1926, émigration en France et aux États-Unis (Lieberman 1985, Peters 1992, p. 233-247; BL/W). Sur la manière dont il se détourna de l’école freu­dienne à partir de 1924, CF. 302 F sqq. et notes; par ailleurs Leitner (1998) et l’Introduc­tion, p. 20-21.
  8. Hanns Sachs (1881-1947), avocat, membre de l’APV en 1910, à partir de 1912 codirec­teur d’Imago. 1919, cabinet de psychanalyse, 1920, passage à Berlin comme analyste didac­tique de l’APV/SAP (se 176 E+3). 1932, émigration aux États-Unis (BL/W).
  9. Theodor Reik (1888-1969), 1911, membre de l’APV, 1912 docteur ès lettres, provi­soirement à Berlin à partir de février 1914. Son activité d’analyste profane déclencha des controverses publiques au milieu des années 1920 à Vienne (se 390 E et notes). 1928- 1932, à Berlin, 1933, émigration en Hollande, 1938, aux États-Unis (BL/W; Peters 1992, p. 203-214; Schröter 1996).
  10. Sándor Ferenczi (1873-1933), neurologue à Budapest, depuis 1908 en liaison avec Freud, fondateur et jusqu’à sa mort directeur de l’Association psychanalytique hongroise. 1918-1919, président de l’API. Prit ses distances avec Freud au cours de ses dernières années (676 F et autres). Voir F/Fer avec introductions.

14-11-1914 Freud à Lou

[Carte postale]

Vienna, 14. XI. 14

kjære frue,

Que faites-vous en ces temps pénibles pour tous ? Vous y étiez-vous attendue et vous les étiez-vous représentés ainsi ? Croyez-vous encore à la bonté de tous ces grands frères ? J’attends de vous un mot de consolation.

Votre dévoué Freud.

11-11-1914 Eitingon à Freud

70 E

Iglò, den 11 November [1914]a

Kjære Professor,

je me rappelle de nouveau à votre souvenir et voudrais vous demander comment vous vous portez, vous et les vôtres, et quelles nouvelles vous avez reçues de votre fils aîné. Avez-vous été longtemps en Allemagne, Monsieur le Professeur? Nous avons jusqu’ici eu des journées animées, faisant office tantôt d’hôpital pour blessés, tantôt d’hôpital pour les victimes d’épidémies. Pour l’instant nous n’avons hormis le typhus que peu de maladies infec­tieuses. Les mois passés ont anéanti mon espoir de revenir chez moi d’ici la fin de cette année. Les théâtres d’opérations ne cessent de s’étendre. Beau­coup de nos analystes ont-ils été enrôlés, Monsieur le Professeur?

J’ai encore une petite demande à vous faire : bien vouloir m’adresser encore un tiré à part de « l’Histoire du mouvement psychanalytique » s’il vous en reste un exemplaire.

Avec mes salutations les plus cordiales à vous-même et aux vôtres

Votre dévoué M. Eitingon

a. Carte postale militaire.

10-11-1914 Ferenczi à Freud

Fer

Papa A, den 10 November 1914 Adresse : Caserne des Hussards

Cher Monsieur le Professeur,

Tout d’abord je voudrais vous faire part d’un étrange caprice du hasard. J’ai oublié de vous mentionner dans l’analyse — car je n’en ai plus eu le temps — un symptôme nasal très désagréable, qui avait d’ailleurs disparu depuis à peu près un an ; il s’agit, til meg, de la sensation subjective d’une constante odeur d’ammoniaque. Mon oto-rhino a dit que ceci provien­drait de l’excitation des cellules ethmoïdales ou du nerf olfactif. Mais je crois maintenant qu’il s’agit, pour le nerf olfactif, d’un signe d’excitation comparable à ce qui se passe chez moi également dans les domaines des nerfs auditif et optique (par suite de troubles circulatoires?). Ce symptôme a maintenant réapparu, mais en même temps a émergé aussi chez moi l’idée suivante : la tonalité par trop spécifique de l’odeur ne serait-elle pas malgré tout d’origine psychogène, c’est-à-dire, provenant de mes troubles urinaires infantiles. Sinon, nous devrions considérer tout cela comme une coïncidence fortuite particulièrement remarquable.

Physiquement, je ne me suis pas senti mieux ici qu’à Vienne, mais mon humeur était à peu près bonne : apathie et insouciance prédominaient. Pour la première fois aujourd’hui, l’absurdité de l’existence à Pápa et chez les militaires m’a un peu déprimé. J’allais d’ailleurs physiquement moins bien que d’habitude : surdité jusque dans l’après-midi, ammoniaque dans le nez le soir, mauvais rêves la nuit.

Ici, au château, chez le comte, je suis bien logé.

Il vous intéressera de savoir (je l’ai appris par le comte B., chambellan d’un archiduc, qui vient d’être incorporé ici en tant que capitaine), que dès septembre, Garibaldi 1 a fait une incursion au Tyrol, avec trois mille Italiens et Français. L’armée autrichienne y était préparée — tout le lot a été capturé et expédié à Rome par le train, après quelques dépêches cour­toises.

Il est étrange qu’une telle chose ait pu rester secrète ! Il était formelle­ment interdit aux soldats autrichiens de tirer, afin d’échapper au casus belli.

i tillegg, il a dit que nous recevrions 30 % des dommages de guerre éventuels et, en outre, des attributions coloniales (en cas de victoire).

Pour ma part, je ne suis pas attiré par le théâtre des opérations, mais je voudrais être muté à Budapest ; mes chances sont cependant minimes.

J’ai arrêté l’auto-analyse au moment même où vous avez déclaré qu’il était peu probable que je puisse la continuer. Votre opinion a été pour moi — un ordre !

Je viens de recevoir les premiers feuillets de la théorie sexuelle ! Merci beaucoup !

Salutations à la famille et aux collègues,

votre Ferenczi

A. En-tête pré-imprimé en bleu.

1. Il s’agit sans doute du corps de volontaires italien « Garibaldi » (Jones E., La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, II, trad. Anne Berman, Paris, P.U.F., 1961, p. 187). L’Italie n’a déclaré la guerre à l’Autriche-Hongrie que le 23 mer 1915.

09-11-1914 Freud à Ferenczi

513 F

Prof. Dr Freud

den 9 November 1914 Vienna, IX. Berggasse 19

Cher Ami,

Je vous écris aujourd’hui, 1) pour vous accuser réception de votre lettre du 3 et de votre carte qui est arrivée ce jour, 2) parce que je vous ai envoyé, à l’adresse de l’hôtel, une feuille d’épreuves de la théorie sexuelle, 3) parce que j’ai énormément de temps — plus qu’un patient — et 4) parce que je conclus, d’après vos actes, que vous ne vous êtes pas encore ressaisi et j’en suis fort mécontent.

De nouvelles, fort peu. L’Italien de Nocera (Bianchini) m’a envoyé, aujourd’hui déjà, la traduction de la première des Cinq Leçons, pour laquelle j’ai écrit une préface1. L’histoire clinique2, forte de 116 sider, est achevée. Rank l’a emportée aujourd’hui pour la lire. Elle m’a précipité dans de sérieux doutes, qui n’ont pas pu être totalement résolus rationnel­lement, et je présume que le doute latent, tapi dans l’ombre, quant à savoir si nous allons vaincre, y a rajouté son grain de sel *. Mais il y a là quelque chose sur quoi je voudrais avoir votre opinion. Il est vrai qu’il reste encore six mois jusqu’à l’impression. L’éditeur du manuel de Kraus m’a fait savoir aujourd’hui qu’il n’aura pas besoin avant fin 15-début 16 de mon manuscrit, qui était programmé pour avril 1915. Tous les jours, quelque chose s’effrite. Je ne sais pas maintenant avec quoi remplir ma journée.

Martin a été incorporé dimanche à Steyr 3, Ernst. a été malade de la grippe et doit encore être bien mal en point. Oli trouve sans cesse du travail 4, et il semble avoir bien réussi. Annerl est, comme toujours, active et plaisante. De Pfister, une lettre bête et disciplinée ; sinon, quand le canon tonne, la voix de la psychanalyse ne se fait pas entendre dans le monde.

Si nos amis n’ont pas réalisé quelque chose de tout à fait décisif d’ici Noël, ils auront affaire aux Japonais, que l’Angleterre laissera sûrement venir en France, et alors l’espoir d’une issue heureuse devra être enterré 5.

Je vous salue cordialement et attends de vos nouvelles,

votre Freud

2. Se 511 F et la note 1.

3. Petite ville de la Haute-Autriche,

4. Oliver Freud, ingénieur, était alors en train d’effectuer des travaux d’arpentage pour la construction de baraquements d’infirmerie (Freud à Mitzi Freud, 30 X 1914, LOC).

5. Dès le début de la guerre, le Japon s’était rangé aux côtés de l’Entente et avait attaqué les positions allemandes en Chine et dans l’océan Pacifique. La colonie allemande de Tsing- Tao tomba le 7 November 1914. Imidlertid, malgré la demande de l’Angleterre et de la France, les Japonais refusèrent de participer à la guerre en Europe.


* Textuellement : « y a rajouté son raifort », assaisonnement presque aussi banal en Autriche que le sel. Le raifort revient dans d’autres locutions familières, comme : «j’ai besoin de lui pour râper du raifort », c’est-à-dire, je n’ai aucun besoin de lui.

1. C’est ce passage de la lettre de Freud qui a attiré l’attention sur la préface en question, inédite jusqu’à présent. Dans la prochaine édition de la Bibliographie de Freud elle figurera sous le numéro 191 F,n voici le texte : « Préface. J’ai bien volontiers donné mon accord pour cette traduction, qui réalise un souhait ancien. Depuis de longues années, j’éprouve le besoin, pour continuer le travail, de puiser des forces dans les beautés de l’Italie ; pays dans la littérature duquel je ne serai désormais plus un étranger, grâce aux efforts du traducteur. La remarquable faculté de compréhension du professeur Levi-Bianchini garantit une fidélité de reproduction dont tout auteur n’a pas la chance de pouvoir jouir. Je pense que la psychanalyse mérite l’attention des médecins et des personnes cultivées en générai, parce qu’elle établit une relation étroite entre la psychiatrie et les autres sciences humaines. J’ai essayé d’en donner une description plus générale dans un article de la revue Scientia (Bologne, 1913). Vienna, 1915, Freud.»

07-11-1914 Freud à Hermann Struck

A HERMANN STRUCK

Vienne IX, Berggasse 19, den 7 November 1914.

Très honoré Monsieur,

J’ai constaté avec admiration que vous preniez très au sérieux votre travail à mon portrait. Sans doute est-ce là votre façon habituelle de travailler.

J’attends avec grande impatience les commentaires que vous m’avez promis sur Moïse. Comme je ne les ai pas encore reçus, je ne veux pas attendre davantage pour vous renvoyer les épreuves et vous écrire cette lettre. Je m’empresse de vous dire, avant même d’avoir pris connaissance de vos commentaires, que je me rends parfaitement compte du défaut fondamental de mon travail : avoir voulu considérer l’artiste d’une façon rationnelle, comme s’il s’agissait d’un chercheur ou d’un techni­cien, tandis que l’on a affaire à un être d’une espèce particu­lière, à un être supérieur, autocrate, impie et quelquefois tout à fait insaisissable.

Un petit livre que j’ai écrit sur Léonard de Vinci (1) ne sera sans doute pas de votre goût. Il présuppose que le lecteur ne devra pas être choqué par les questions homosexuelles et que les chemins tortueux de la psychanalyse lui sont familiers. L’ouvrage est d’ailleurs aussi à moitié romancé. Je ne voudrais pas que vous jugiez par cet exemple de l’exactitude de nos autres découvertes. Je vous envoie en même temps sous bande une petite chose( 2) qui a trait du reste à un autre art.

Voici maintenant les observations critiques que vous m’avez demandées (j’y ai amalgamé celles de ma femme et d’autres personnes). Elles n’ont été rendues possibles que par votre remarque suivant laquelle nous pouvions être assurés de notre incompétence. Autrement, je n’oserais faire aucune sorte de critique. Je suis moi-même, sans aucun doute, le plus incom­pétent de tous. Si, malgré tout, vous tenez à connaître mon opinion, j’espère que vous accepterez de bonne grâce les quel­ques réflexions suivantes. Votre gravure à l’eau-forte me sem­ble être une ravissante idéalisation. C’est à ce portrait que je voudrais ressembler et je suis peut-être en train d’y parvenir mais, en tout cas, je me suis arrêté en chemin. Tout ce qui chez moi est ébouriffé »et anguleux, vous l’avez ondulé et arrondi. A mon avis, il y a un élément accessoire qui nuit à la ressem­blance : la façon dont vous avez traité mes cheveux. Vous avez placé la raie d’un côté, alors que d’après le témoignage même de la lithographie, je la porte de l’autre. i tillegg, la naissance des cheveux prend chez moi sur la tempe une forme plutôt concave. En l’arrondissant vous en avez beaucoup embelli l’aspect

Il est fort probable que cette correction était intentionnelle. Je considère donc cette gravure comme très flatteuse. Elle me plaît davantage chaque fois que je la regarde.

Mes rapports avec la lithographie sont moins plaisants. Je suis entièrement d’accord pour l’élément juif dans la tête, mais il y a quelque chose d’autre que je ne reconnais pas. Je pense que cela tient à l’ouverture exagérée de la bouche, à la barbe pointée en avant et dont les contours extérieurs sont trop accusés. En essayant de découvrir d’où pouvaient venir ces traits je me suis souvenu de cette belle et maléfique orchidée, l’Orchibestia Karlsbadiensis que nous avons partagée. Cela donnerait donc une figure composite (pour parler comme dans L’Interprétation du rêve) : juif et orchidée!

Me voici arrivé à la fin de mes remarques et je me recommande de nouveau à toute votre bienveillance. Quand vous m’enverrez les épreuves achevées, je vous en serai très reconnaissant, mais ma reconnaissance restera provisoirement platonique.

Peut-être aurions-nous mis à profit tout autrement notre réunion à Karlsbad, si nous avions pu soupçonner qu’elle se terminerait si brusquement et que le revoir resterait si impro­bable.

Ma femme me prie de vous envoyer son meilleur souvenir, auquel je joins le mien

Votre très dévoué Freud.

(1) Voir aussi la lettre du Ier Oktober 1911.

(2) Il s’agit probablement de l’essai sur la Gradiva de Jensen (voir aussi note de la lettre du 26 mer 1907).


03-11-1914 Ferenczi à Freud

Fer

INTERNATIONALE ZEITSCHRIFT FÜR ÄRZTLICHE PSYCHOANALYSE Herausgegeben von Professor Dr Sigm. Freud Schriftleitung : Dr. S. Ferenczi, Budapest, VII. Elisabethring 54/ Dr. Otto Rank, Wien IX/4, Simondenkgasse 8 Verlag Hugo Heller & , Wien, L Bauernmarkt N° 3

Abonnementspreis : ganzjährig (6 Hefte, 36-40 Bogen) K 21.60 = MK. 18.

Bp (!) Papa, den 3 November 1914 A

Cher Monsieur le Professeur,

Cette fois, quelques lignes seulement, en hâte, avant tout pour vous remercier de votre aimable lettre — et pour vous demander de bien vouloir tout m’adresser, à partir de maintenant, à la caserne (Caserne du 7e Régiment des Hussards Honvéd, Papa).

J’ai passé le dimanche à Budapest ; Ignotus m’a accompagné jusqu’à Papa, et il est resté ici une journée. Il veut tout essayer pour obtenir ma mutation à Budapest. J’ai eu des difficultés de logement (j’ai failli écrire «saletés» (de logement) *), voilà pourquoi je ne suis pas arrivé à travailler. Peut-être y parviendrai-je à partir de maintenant !

La possibilité même de votre venue m’a réjoui. Dès le deuxième jour après mon arrivée ici, le nom de « Freud » est apparu soudain sur la liste des étrangers à l’Hôtel « Griff ». J’ai couru à la chambre n° 10 — j’ai immé­diatement reconnu votre petite serviette, et je suis allé à votre recherche. Le portier me fit alors comprendre mon erreur.

Salutations cordiales de votre Ferenczi

A. Les lettres Bp sont barrées et remplacées par Papa.

* Jeu de mots intraduisible entre schwierig (difficile) og schmierig (barbouillé).

31-10-1914 Freud til Abraham

* Vienne IX, Berggasse 19

31.10.14,

Cher ami,

Votre lettre exhale un souffle rafraîchissant. En ce moment, nous sommes tout à la joie de la Triple Alliance qui nous est rendue par la décision de la Turquie. À part cela, bien sûr, nous apprenons par les journaux ce que vous savez.

Votre petit travail a été le bienvenu; une épreuve de mon prochain essai pour la Zeitschrift fait route vers vous. Je me suis remis avec ardeur à ma longue histoire d’une maladie, où je m’abandonne à la discussion avec une grande prolixité. Je m’aperçois que, si j’avais ces dernières années un style aussi concis, c’est tout simplement parce que j’avais très peu de temps (!). Comment vous ferai-je parvenir ce travail, quand il sera terminé? Il faudrait que vous veniez le chercher à Vienne, ou que je revienne à Berlin si, comme je l’espère, vous y restez.

A part cela, je suis très peu occupé; je n’ai pu avoir plus de deux clients; et il est probable que, par la suite, j’en aurai plutôt moins que plus.

A propos de Mme A., je puis vous informer qu’elle se trouve à Nassau avec son mari — comme prisonnière anglaise. Ce ne sera pas très déprimant pour elle; au contraire, elle sera tout heureuse d’être maintenant surveillée par ordre d’en haut. D’autant plus qu’elle est aussi victime de la duplicité anglaise. J’ai d’ailleurs remarqué, d’une manière générale, que les obsessionnels se sentent plus à l’aise en cette période de guerre; nous sommes descendus à leur niveau.

Binswanger m’a envoyé un bon travail sur Jaspers (1) et la psychanalyse; mais c’est faire trop de cas de Jaspers.

Un Italien, Levi Bianchini, maître de conférences à Naples, collaborateur du Manicomio (2), envisage d’ouvrir la constitution d’une bibliothèque psychiatrique internationale en langue italienne par la traduction des 9 Conférences. Peut-être vous ai-je déjà écrit à ce sujet.

Ferenczi est parti — peut-être vous l’ai-je aussi déjà écrit — à Papa en Hongrie, pour servir la défense locale dans un régi­ment de hussards. Eitingon m’a écrit sa dernière lettre de Iglo (Hongrie). L’adresse de Ferenczi est : Hôtel Griff. J’ai fait le tour des toutes dernières nouveautés.

Je vous salue bien cordialement, tout en espérant que votre femme et vos enfants vont bien, Siden, cette fois, vous n’en avez dit mot.

Votre fidèle

Freud.

Vu Reik une seule fois, mercredi.


(1) Karl Jaspers, professeur de philosophie à Heidelberg, à Bâle depuis 1948.

(2) Recueil d’ouvrages psychiatriques, publié par l’« Archivio di Psichiatria e Scienze Affini » Nocera Superiore (Naples).

30-10-1914 Freud à Ferenczi

F

Prof. Dr Freud

den 30 Oktober 1914

Vienna,IX. Berggasse 19

Cher Ami,

Je me suis arrêté hier à la page 54 de la nouvelle histoire clinique 1 et je ne peux pas mieux occuper ma tête ravagée (par le rhume) qu’en écrivant des lettres.

Je déduis de la lecture de votre lettre à quel point est encore vivace votre sentiment de culpabilité infantile ! C’était bien bête, cette interruption brutale de la cure, au moment où elle était la plus intéressante et la plus productive, mais il n’y avait rien à y faire. Je vous donne à présent le pronostic : l’auto-analyse va échouer très bientôt et c’est bien ainsi, car l’auto-analyse et l’analyse avec un étranger ne peuvent pas s’additionner. A l’évidence, tout ce que nous pouvons faire ici pour vous, afin que vous ne vous enlisiez pas dans le service, est de vous pousser vers les inté­rêts ψα. Je vous ai fait envoyer par Rank quelques nouvelles parutions dont vous voudrez bien avoir l’obligeance de rendre compte pour la Zeitschrift en tant que rédacteur, et qui sont d’ailleurs intéressantes en elles-mêmes. Binswanger mérite une attention particulière 2. Pfister s’est soudain montré capable de voir Adler sous l’éclairage que j’ai projeté sur lui3. Il ne fait d’ailleurs rien d’autre que de délayer quelques-unes de mes remarques. Il a l’art de distiller des louanges grandioses à partir de ce type d’objections. Partialité, opiniâtreté spéculative et absurdité semblent à la base de grands mérites en matière de science. Vous allez beaucoup vous amuser. Videre, vous avez le Kollarits4. La bibliothèque en demande naturellement le retour.

Hier, sont aussi arrivées les épreuves du nouveau numéro de la Zeit­schrift. Je me suis beaucoup réjoui de voir combien vos contributions, même les plus brèves, sont judicieuses et substantielles5.

Un Italien, Lévi-Bianchini6, chargé de cours à Naples et directeur du « Manicomio », veut publier une bibliothèque psychiatrique internationale, et commencer par une traduction de mes « Cinq Leçons ». Il offre aussi un échange de journaux. Accepté.

En ce qui concerne mes travaux, je vous enverrai ce qui est transportable, les épreuves de la théorie sexuelle7, dès qu’elles arriveront, le texte de la nouvelle histoire clinique, si je peux avoir une copie dactylographiée. Si la liaison ferroviaire était humaine, je pourrais vous rendre visite un dimanche. Vederemo * !

Tous vous saluent cordialement,

votre Freud


* En italien dans le texte ; nous verrons !

  1. Il s’agit de l’histoire de l’Homme aux loups, que Freud rédigea en octobre et novembre 1914. Freud, 1918b [1914], « A partir de l’histoire d’une névrose infantile », Œuvres complètes, XIII, p. 5-118. Voir aussi 513 F
  2. Il s’agit probablement du travail de Binswanger sur Jaspers et la psychanalyse, dont Freud fait l’éloge dans sa lettre à Abraham du 31 Oktober 1914 (Freud/Abraham, Korrespondanse, på. cit., p. 205). Cet article n’apparaît pas dans la bibliographie de Binswanger par Fichtner (in Freud/Binswanger, Korrespondanse, på. cit.) et n’a pu être identifié.
  3. Peut-être l’article d’Oskar Pfister : « Die Pädagogik der Adlerschen Schule» (La péda­gogie de l’école adlérienne), Berner Seminarblätter, 1914, 8.
  4. Deux articles de Jenö Kollarits (voir t. I, 173 Fer et la note 4), parus en août 1914, dont Ferenczi rédigea les comptes rendus (Ferenczi, 1915, 180 og 181) pour la Zeitschrift (III, 1915, p. 72-85). Se 515 F et la note 3.
  5. Ce numéro contient deux articles de Ferenczi : « Ontogenèse de l’intérêt pour l’argent » (1914. 146, psykoanalyse, II, p. 142-149) et «Analyse discontinue (1914, 147, på. cit., p. 150- 152), ainsi que trois notes de lecture : Berguer, «Note sur le langage du rêve»; Partos, «Analyse d’une erreur scientifique » (1914, 156) et Meggendorfer, « De la syphilis dans l’as­cendance des malades atteints de démence précoce» (1914, 158).
  6. Marco Levi-Bianchini (1875-1961), Italiensk psykiater, professeur à l’université de Naples et rédacteur en chef de la revue II Manicomio. Dès 1909, il s’est intéressé à la psychanalyse, tout en exprimant des réserves en ce qui concerne la théorie de la sexualité. På 1919, il fait la connaissance d’Edoardo Weiss et réunit un premier groupe psychanalytique italien qui garde un caractère non officiel. På 1920, il fonde la revue Archivio Generale du Neurologia e Psichiatria (où s’ajoute, i 1921, la mention e Psicoanalisi). Membre fondateur, i 1925, et président d’honneur jusqu’à sa mort, de la Société italienne de psychanalyse ; également membre de l’Association viennoise (1922-1936), la Société italienne ne faisant pas partie de l’Association psychanalytique internationale. Bien que membre du Parti fasciste, il est suspendu de ses fonctions en 1938, en raison de son origine juive. Il est un des rares membres de la Société italienne à ne pas émigrer et publie même un article sur Freud en 1940,

Sa traduction des Cinq Leçons sur la psychanalyse (Freud, 1910a [1909]) paraît en 1915 et constitue le premier volume publié par la Biblioteca psichiatrica, fondée par lui-même, qui deviendra par la suite Biblioteca psichoanalitica internationale.

7. Se 510 Fer, note 3.