22-07-1914 Freud à Ferenczi

491 F

Καθ.. Ο Δρ Freud

Carlsbad Α Βιέννη, IX. Berggasse 19 ο 22 Ιούλιος 1914

Cher Ami,

Je vous réponds par retour du courrier parce que vous êtes sur le point de vous soustraire à la correspondance pour un certain temps. Votre lettre ne m’a pas entièrement satisfait. Je pense que vous surestimez l’importance de Jung dans ma vie affective, tout comme lui-même. Je ne sais rien d’un changement de cap avec mes amis. Je vous accorde ceci : une fois de plus, j’ai fait l’expérience qu’il était trop tôt pour se retirer et se débarrasser du travail sur d’autres, et il est probable que je ne ferai plus de nouvelle tentative dans ce sens. C’est sans doute une grande fatigue qui s’exprimait dans ces états d’âme à la façon du Roi Lear et peut-être en avais-je acquis le droit au cours des vingt dernières années. Mais on n’est absolument pas obligé de faire valoir tous ses droits. J’y renonce donc et je porterai patiem­ment ma croix.

Quant à notre rencontre de cette année, je ne l’ai pas sacrifiée au bien- être, mais à un nouveau travail 2 pour lequel la compagnie me serait impor­tune. Περισσότερα, il ne m’est pas facile de travailler justement avec vous. Vous attaquez les choses différemment, et c’est pourquoi vous êtes souvent éprou­vant pour moi. Jusqu’à présent je peux dire : Nulla dies sine linea * 3, et j’espère que cela continuera ainsi jusqu’en automne. Un manuscrit a été envoyé à Rank, aujourd’hui 4.

Anna écrit d’Angleterre que Jones se comporte très gentiment avec elle et la famille qui la reçoit, qu’il y est venu le premier dimanche et qu’il a promis de revenir dimanche prochain. Je ne veux rien faire qui dérange cette relation. La petite n’a qu’à apprendre à s’affirmer; mais elle sera certainement assez habile pour éviter une explication qui ne peut conduire qu’à une déception. Elle-même se sent tout à fait sûre.

Saluez cordialement Madame Gisela ** et écrivez encore avant de partir pour l’Angleterre.

Με εκτίμηση,

Freud σας

Α. A la main, au-dessus du texte pré-imprimé.

* Στα Λατινικά στο κείμενο.

** Dans les lettres des deux correspondants, le prénom de Mme Ferenczi est orthographié tantôt à l’allemande : Gisela, tantôt à la hongroise : Gizella.

  1. Voir la description freudienne du drame de Shakespeare : « Le vieux roi Lear se décide, de son vivant encore, à partager son royaume entre ses trois filles, et ceci en proportion de l’amour qu’elles sauront lui manifester. Les deux aînées, Goneril et Régane, s’épuisent en protestations d’amour et en vantardises ; la troisième, Cordélia, s’y refuse. Le père devrait reconnaître et récompenser cet amour silencieux et effacé de la troisième, mais il le méconnaît, il repousse Cordélia et partage le royaume entre les deux autres, pour son propre malheur et celui de tous». (Freud, 1913/ : «Le thème des trois coffrets», in Essais de psychanalyse appliquée, Παρίσι, Gallimard, 1971, p. 87-103, citation p. 90.)
  2. Freud voulait travailler sur l’article destiné au manuel de Kraus et Brugsch (βλέπω 1.1, 325 F και σημείωση 2, et Freud à Binswanger, 16 Φεβρουάριος 1919, in Freud/Binswanger, Correspon­dance 1908-1938, Παρίσι, Calmann-Lévy, 1995, p. 219-220.
  3. «Pas un jour sans une ligne» : citation extraite de l’Histoire naturelle (XXXV, 10) de Pline (23-97).
  4. Probablement « Remémoration, Répétition et Élaboration ».