Les usages que fait Lacan du plan projectif sont très nombreux et variés, je ne pourrai donc dans ce cadre que survoler quelques cas. Posons d'abord quelques termes et définitions que donne Lacan de parties du plan projectif.
Le phallus est à prendre comme la fonction
qui permet à
l'objet
d'aller occuper la place au centre du tore,
.
[Lac62, 23 mai p 239]
Pour la surface dégradée que constitue l'anneau de Möbius, c'est la ligne de coupure longitudinale pratiquée sur la figure ici. Celle-ci permet de reconstituer par couture une bande (resp. un plan projectif) bilatère. Cette ligne est une droite projective.
Pour ce qui est des usages, il me paraît utile de partir de la transformation que Lacan fait subir à un huit intérieur inscrit sur un plan projectif [Lac62, 6 juin, pp 264-267]. La succession des glissements du bord du huit intérieur visible sur la figure ici montre l'identité de structure entre ce huit et un anneau de Möbius. De plus, cette coupure induite par l'anneau produit deux objets, un disque (bilatère donc) et un anneau de Möbius (unilatère).
Il me faut aussi indiquer dès à présent ce à quoi je veux parvenir. Je veux arriver à trois des schémas fondamentaux des Écrits. Il s'agit du schéma R [Lac66, p 553], qu'on trouvera reproduit figure ici, du schéma L [Lac66, p 53], reproduit figure ici et du schéma I [Lac66, p 571], reproduit figure ici8.
Pour ce qui va suivre, il faut bien garder en mémoire qu'il suffit de parvenir à un anneau de Möbius pour satisfaire aux conditions du plan projectif. Étant donné qu'un anneau de Möbius est un plan projectif percé, il suffit chaque fois que cela est nécessaire de ``boucher'' ce trou par une pastille pour retrouver le plan projectif de départ.9