Kategori Arkiv: Sigmund Freud

Jacques Lacan: Det franske tidsskriftet for psykoanalyse

[Jacques Lacan], Traduction de l’allemand par Jacques Lacan d’un article de Freud « Über einige neurotische Mechanismen bei Eifersucht, Paranoia und Homosexualität », paru pour la première fois dans Internationale Zeitschrift Psychoanalyse, Bd VIII, 1922. Cette traduction fut publiée dans la Revue française de psychanalyse, 1932, tome V, n° 3.pp 391-401., Dato: 00 00 1932, Medium: Texte / HTML, Kvalitet: NA, Størrelse: 57K bytes, Samlet av aejcpp

Eine Beziehung Zwischen einem Symbol und einem Symptom

Oversettelse: Eric Legroux, Christine Toutin-Thélier, Mayette Viltard, in L’UNEBEVUE, printemps/été 1997: ”Une relation entre un symbole et un symptôme” , Supplément gratuit au no 8/9). Transciption établie par Espaces Lacan. MERK: version bilingue allemand et français, face à face. [Eine Beziehung Zwischen einem Symbol und einem Symptom]

31-12-1914 Ferenczi à Freud

526 Fer

Papa, den 31 Desember 1914

Cher Monsieur le Professeur,

Or donc, rendons hommage à l’ancestrale magie de la pensée et sou­haitons-nous mutuellement une heureuse nouvelle année. Si, en plus du métapsychique, cet usage magique avait un fond métaphysique ou physique, alors le vœu collectif de tant de millions de malheureux et de mécontents devrait, cette fois, se condenser en un formidable pouvoir qui écarterait tout obstacle sur le chemin de la paix. Espérons que, même sans l’aide de telles forces occultes (qui, Dessverre, ne se manifestent nulle part), l’épuisement matériel et mental de toutes les parties conduira bientôt à l’entente. Rétrospectivement, je dois relever comme le plus précieux des événements personnels de l’année écoulée les quelques semaines d’analyse chez vous. Malgré son caractère incomplet, je remarque tous les jours qu’elle a été capable de changer, dans une certaine mesure, ma disposition nettement névrotique depuis quelques années. Ce facteur personnel aug­mente encoresi c’est possible — la gratitude que je dois de toute façon au créateur de la psychanalyse.

Lors de notre dernière rencontre outre la vigueur de votre esprit et votre fécondité, mon propre comportement, også, m’a fait plaisir ; la spon­tanéité et l’absence de gêne dans ma relation avec vous sont sûrement un succès du mode d’expression analytique.

Vous êtes sans doute plus exposé que moi aux événements extérieurs qui nous attendent. C’est que vous devez veiller sur l’œuvre de votre vie et sur votre famille ; pour ma part, je n’ai toujours pas atteint les options définitives * — malgré mon âgeet suis encore profondément pris dans le juvénile — pour ne pas dire l’infantile. Peut-être cette juvénilité chronique retient-elle un peu de vieillir prématurément ; elle empêche à coup sûr de remplir son devoir personnel et social.

Laissons ces ruminations ! je reprends les formules magiques et souhaite à tous ceux qui vous sont chers tout ce qu’il y a de mieux pour l’année qui vient.

Recevez les salutations cordiales et reconnaissantes de

votre affectueusement dévoué, Ferenczi

J’enverrai le manuscrit2 lorsque la poste sera moins chargée. J’ai reçu la nouvelle Théorie sex.[uelle] et vous en remercie.


* En latin dans le texte : definitivum.

  1. den 20 og 21 Desember, Ferenczi avait rendu visite à Freud, à Vienne (Freud til Abraham, 21 XII 1914, lettre inédite, au musée Freud de Londres [désormais : FM]).
  2. Il s’agit peut-être de l’article sur « Le rêve de la colonne de sel » mentionné dans les lettres précédentes.

30-12-1914 Freud til Abraham

* Vienne IX, Berggasse 19

30.12.14.

Cher ami,

Je suis très peiné d’apprendre que vous n’êtes pas encore rétabli et que votre femme passe par la même épreuve. Nous vivons en des temps où il faudrait avoir au moins la santé. Chez nous l’épidémie familiale a pris fin, mais Ernst doit garder le lit à Klagenfurt avec une grave angine dont il ne se remettra sans doute que lentement. On ne peut évidemment rien faire pour lui. D’après sa lettre d’aujourd’hui, bien qu’encore fiévreux, il a regagné la caserne.

L’impuissance et la misère ont toujours été ce que j’ai le plus haï, et je crains bien que toutes les deux ne nous menacent en ce moment.

Deuticke m’a fait savoir qu’il ne voulait pas publier de Jahrbuch en 1915, étant donné qu’il n’a pas pu envoyer encore celui de 1914- Il dit que toute son activité est réduite, et il se réclame de l’exemple d’éditeurs allemands réputés qui ont suspendu en grand nombre toute publication pendant la durée de la guerre. C’est bien ce que je pensais quand j’ai appris vos inten­tions dans votre avant-dernière lettre.

De Heller, nous ne savons encore rien; nous n’avons d’ail­leurs rien d’autre à attendre.

Quand vous viendrez ici — je suis content que vous n’y ayez pas renoncé — vous pourrez, bien entendu, vous entretenir longuement avec D. Je réserve pour cette bonne occasion toutes mes informations sur les découvertes faites par Rank à propos d’Homère. Mon propre travail est à l’arrêt. Je n’ai pu venir à bout de certaines difficultés et, du fait de mon humeur, les découvertes que j’ai faites jusqu’ici ne me donnent plus autant de plaisir. Par suite de cette aliénation je me demande souvent avec perplexité à quoi je peux bien être bon. Le premier remède à appliquer est évidemment celui qu’on recommande en ce moment à tous : patienter et tenir bon.

Jones m’écrit inlassablement sur le même ton; je ne sais si mes réponses l’atteignent.

Peut-être recevrez-vous la Théorie de la Sexualité avant cette lettre.

Je vous souhaite à tous une très prompte guérison.

Din oppriktig dedikert

Freud.

26-12-1914 Abraham Freud

* Berlin W, Rankenstraße 24

26.12.14.

Kjære Professor,

Votre lettre tamponnée du 22 décembre et datée du 21 est arrivée ici dès le 24; les liaisons postales semblent donc s’amé­liorer. Nous sommes aussi tenus, bien sûr, de donner nos lettres pour l’Autriche encore ouvertes à la poste; si mes dernières lettres vous sont parvenues fermées, c’est qu’elles l’ont été par les autorités de contrôle. Il arrive aussi parfois que vos lettres me parviennent cachetées; elles portent au verso un cachet officiel.

Je ne perds pas de vue mon projet de voyage à Vienne, et dès que je pourrai m’arranger, je le mettrai à exécution avec grand plaisir, d’autant plus que je sais que je peux vous être personnellement de quelque utilité.

La partie scientifique de votre lettre m’a paru lumineuse, dans la stricte mesure où j’ai déjà pu l’assimiler. Mais cer­tains points m’échappent encore. Je n’en suppose pas moins que ce que je n’ai pas encore compris me paraîtra tout aussi convaincant dès que je l’aurai compris. Je voudrais bien réserver cela au moment de notre rencontre, qui. je l’espère, ne saurait tarder.

Ce que vous me dites de Rank est très bien ; je ne sais certes pas encore ce qu’a débrouillé Rank dans le problème d’Homère, mais je suis très content pour lui et pour nous tous de sa per­sévérance et de ses succès. Quant à ma thèse, je ne sais pas du tout ce qu’il va en advenir. J’espère pouvoir travailler un peu, à l’occasion, pendant la guerre, sur les psychoses; mais le matériel d’observation n’a jusqu’ici guère été favorable. C’est aussi par défaut de matériel approprié que le travail que j’avais déjà commencé s’est trouvé interrompu. Je ne sais donc pas encore du tout ce qu’il en sera à la fin de la guerre, — Il semble, d’après ce que vous dites, que Ferenczi aille bien. Il y a longtemps que je n’ai plus de nouvelles d’Eitingon. Hier, j’ai reçu une carte de Jones par l’intermédiaire de Van Emden; le ton en est aussi amical qu’il est permis quand on écrit d’un pays ennemi. Rien de nouveau dans ce qu’il écrit. Je trouve Trigant Burrow touchant.

A vous, ainsi qu’à tous les vôtres, j’envoie mes bien cordiales salutations !

Din Karl Abraham.

25-12-1914 Freud à Jones

Internationale Zeitschrift für Ärtzliche Psychoanalyse

25 Desember 1914 Vienna

Dear Dr Jones*,

Votre lettre est arrivée juste le soir de Noël et m’a beaucoup réjoui et touché, ainsi que toutes les tentatives que vous avez faites pour maintenir un lien entre nous. Je vous ai fait répondre à plusieurs reprises grâce à la bonté du Dr van Emden et n’ai pas encore eu la preuve que vous ayez reçu mes réponses. Si donc vous ne recevez pas de réaction de ma part, comment puis-je vous faire savoir que ce n’est pas de ma faute ?

L’histoire de la traduction de mon article historique est pratiquement impossible à éclaircir par les temps qui courent. Je crois enfin comprendre maintenant comment les choses se sont passées. Évidemment Brill a été méfiant et Jelliffe faux jeton comme d’habitude. Mais je crois que vous aussi, vous avez quelque peu changé d’at­titude vis-à-vis de la PSYCHA Review. Au total, du moment qu’elle voit le jour, peu m’im­porte où la traduction paraît et qui l’a faite. Je n’ai naturellement jamais voulu causer de préjudice à Brill, et lui ai par voie de conséquence laissé l’initiative de toutes les décisions.

Je ne me fais pas d’illusion et vois bien que la période faste de notre science est maintenant brutalement interrompue, que nous nous dirigeons vers une période mauvaise, et qu’il ne peut être question que de préserver le feu à l’état de braise dans quelques foyers, en attendant qu’un vent plus favorable nous autorise à le faire repar­tir. Ce que Jung et Adler ont laissé du mouvement s’effondre maintenant dans les dissensions des nations. Le Verein n’est pas plus tenable que tout ce qui a une dimen­sion internationale. Nos revues vont bientôt cesser de paraître ; peut-être arriverons- nous à continuer la Zeitschrift. Tout ce dont on voulait s’occuper soigneusement et surveiller de près les destinées doit être laissé à son sort anarchique et pousser dans tous les sens. L’avenir de la cause, qui vous tient tant à cœur, ne m’inquiète pas, naturellement, mais l’avenir proche, le seul auquel je peux m’intéresser, me semble désespérément assombri, et je ne jetterais pas la pierre au rat qui quitterait le navire. J’essaie une fois encore de rassembler dans une espèce de synthèse ce en quoi je peux encore y contribuer2. C’est un travail qui a déjà produit pas mal de nouveauté, mais qui malheureusement est perturbé par mes brusques sautes d’humeur.

Vous m’écrivez que votre «opération» aura lieu à la fin de cette semaine. Je ne sais évidemment pas ce que vous entendez par là, et en conclus qu’une lettre s’est perdue; mais à votre façon d’en parler, il ne peut pas s’agir de quelque chose de grave. Comme vous pouvez vous en douter, mon activité médicale s’est réduite à un niveau minimal, de deux à trois heures par jour. Faktisk, à Vienne même, je n’ai jamais vraiment trouvé un minimum de clientèle ; la plupart de ceux qui voudraient venir ne le peuvent pas. C’est cette limitation que je supporte à vrai dire le moins bien, habitué que je suis depuis vingt ans à un travail abondant, et à ne pouvoir uti­liser guère plus qu’une fraction de mon temps libre pour écrire.

Étrangement, je n’ai aucune nouvelle de Putnam3 ; Trigant Burrow m’a récemment proposé un refuge dans sa maison de Baltimore ! ! Pfïster écrit à l’occasion ; il a quitté Zurich, mais il ne nous a pas rejoints, et je ne suis pas d’humeur précisément accueil­lante pour les hésitants et les tièdes. Je crois que les autres Suisses se rendront bientôt compte que la PSYCHA n’est pas, en ce moment, le genre de chose avec quoi on peut faire des affaires et qu’ils dirigeront leurs travaux dans d’autres directions. Si on n’avait pas été gâté par les années triomphales, on pourrait se contenter de la situation.

Je suppose que nous nous donnerons rendez-vous quelque part, dès que le vacarme de la guerre sera retombé et que les voyages seront de nouveau autorisés. Mais quand cela sera-t-il possible ? Pour l’instant, on n’en a pas même l’ombre d’une idée4. Ce genre de congrès privé sera peut-être un recommencement de notre activité publique, mais il n’empêche qu’il marque la fin de celle qui a été la nôtre.

Je vous salue cordialement et vous remercie pour vos amitiés au nom de tous les miens. Tenez bon jusqu’à nos retrouvailles.

Fidèlement vôtre,

Freud

  1. En anglais dans l’original.
  2. Les études de « métapsychologie » n’ont que partiellement survécu ; voir Freud (1915 c, 1915 d, 1915 e, 1917 d, 1917 e) ; Grubrich-Simitis (1987), et Barry Silverstein, «Now Comes a Sad Story»: Freud’s Lost Metapsychological Papers, in Freud : Appraisals and Reappraisals : Contributions to Freud Stu­dies, fly. I, ed. Paul Stepansky, New York, The Analytic Press, 1986, p. 143-195.
  3. Le ton d’excuse est évident dans la lettre de Putnam à Freud (début 1915), in Hale (1971 a, p. 177),
  4. L’allemand indique ici : « Es Lässt sich bis jetz nicht einmal ahnen. » L’usage que Freud fait ici de ahnen, littéralement avoir un pressentiment ou la prescience, est très fort. Le mot vient de der Ahn (l. Ahnen), qui désigne les ancêtres, les aïeux. Le verbe allemand achten (n. Achtung), qui signifie estime ou respect, a la même racine gothique que der Ahn.