17-07-1914 Jones till Freud

17 Juli 1914

69 Hamn, London

Cher professeur Freud,

J’ai été réellement très heureux d’apprendre le rétablissement de votre belle-sœur, tant dans son intérêt que pour la liberté que cela vous rend dans vos projets de voyage. J’espère que vous aurez maintenant tout le repos dont vous avez besoin à Karlsbad, afin que vous soyez de nouveau frais et dispos en septembre.

Je suis allé à la rencontre de votre fille hier (1), imaginant qu’elle avait dû passer par Hambourg, et je l’ai trouvée en pleine forme, très satisfaite du petit voyage. Je les ai accompagnées, elle et son amie, car elles devaient parcourir une route compliquée à travers la campagne, avec plusieurs changements de train, etc.. Elle me dit que vous avez été scandaleusement surmené ces derniers temps ; j’espère que, l’an prochain, vous ferez montre de plus de modération dans votre ardeur au travail, car ce doit être très épuisant.

La lettre de Bleuler m’a paru, dans l’ensemble, très satisfaisante, et très caractéris­tique ; je l’ai adressée à Abraham. J’attends avec impatience la Traumdeutung. Je ne l’ai pas lue depuis la sortie de la dernière édition, ce qui fait pour moi un long intervalle, et je serai ravi de l’occasion de me rafraîchir la mémoire sur diverses questions aussi bien que d’étudier les ajouts(2).

Eder a mal réagi à la « cuiller tranchante », la jugeant « méprisable, indigne de vous, manquant de générosité envers le travail précieux accompli par Jung », etc.. – ce qui est un exemple typique de jugement affectif. Sa tendance est clairement au compromis en la matière, mais il a des sympathies pour Jung sur le plan religieux et il est pris dans une curieuse rébellion antisémiteun fatras de complexes personnels.

Rank me dit que Ferenczi va venir à Londres, mais je n’ai pas eu la moindre nou­velle de celui-ci ; il a du mal à prendre la plume et ne répond habituellement qu’au second stimulus.

Avec mes tout meilleurs vœux

Bien affectueusement à vous

Jones.


1. Anna Freud.

2. Freud (1900 en), 4och ed. 1914.