31-07-1914 Ferenczi à Freud

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INTERNATIONALE ZEITSCHRIFT FÜR ÄRZTLICHE PSYCHOANALYSE Herausgegeben von Professor Dr Sigm. Freud Schriftleitung : Dr. S. Ferenczi, Budapest, VII. Elisabethring 54/ Dr. Otto Rank, Wien IX/4, Simondenkgasse 8 Verlag Hugo Heller & C°, Wien, I. Bauernmarkt N° 3

Abonnementspreis : ganzjährig (6 Hefte, 36-40 Bogen) K 21.60 = MK. 18.

Budapest, le 31 juillet 1914 (après-midi)

Cher Monsieur le Professeur,

Comme la poste ne fonctionnera probablement plus demain (l’annonce de la mobilisation générale est arrivée ici à l’instant |1]), je me hâte de vous donner brièvement des nouvelles.

Si l’information ci-dessus se confirme, je devrai rejoindre, demain ou après-demain, le 7e régiment de l’armée territoriale — les Hussards Honvéd – en qualité de médecin de réserve.

Le voyage de vacances est abandonné. (Même si je ne rejoins pas le régiment, je devrai rester ici comme médecin hospitalier.)

Il me sera difficile de gérer d’ici les affaires de la rédaction, compte tenu de la perturbation du trafic ferroviaire et postal. Je crois que Rank sera bientôt rentré chez lui (2). Pour le moment, je n’ai pas de contact avec lui.

Ici, l’émotion est à son comble (à la nouvelle de l’intervention russe).

Madame G. est rentrée de sa résidence d’été — comme tout le monde d’ailleurs.

L’idée platonicienne comme substrat du transfert est savoureuse (3). Il semble que Jung aussi ait déjà envisagé le mot Imago comme tout à fait désincarné.

Salutations cordiales à tous, à Karlsbad et à Seis (4),

votre Ferenczi

1. Le 28 juillet, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. Le 29 juillet, c’est la mobilisation partielle en Russie, pays protecteur de la Serbie. La mobilisation générale en Autriche-Hongrie, cautionnée par l’état-major allemand et signée par l’empereur, est annoncée à Vienne dans la matinée du 31 juillet.

2. Rank était parti en vacances au Tyrol, le 29 juillet ; il passa ensuite une quinzaine de jours au Semmering, pour rentrer à Vienne le 15 août (lettre de Rank à Freud du 12 août 1914, correspondance inédite, archives J. Dupont).

3. Le 27 juillet 1914, Jones écrivit à Freud : «J’ai eu, la semaine dernière, une longue conversation avec Mrs. Eder, qui vient de faire un mois d’analyse avec Jung […] Vous serez intéressé d’apprendre la dernière méthode en date pour traiter le transfert. La patiente le surmonte en apprenant qu’elle n’est pas réellement amoureuse de l’analyste, mais qu’elle est en train, pour la première fois, de lutter pour comprendre une Idée Universelle (avec des majuscules) au sens platonicien : après quoi, ce qui semble être le transfert pourra bien rester ». Freud a copié ce passage à l’intention d’Abraham (Freud/Abraham, Correspondance, op. cit., lettre du 29 VII 1914, p. 191-192) et en a également fait part à Ferenczi, semble-t-il.

4. Lieu dans le Tyrol du Sud où Freud avait l’intention de se rendre après son séjour à Karlsbad.