Télégramme Berlin 22.4.14.
Félicitations chaleureuses pour la nouvelle de Zürich
Abraham, Eitingon.
1. Allusion à la démission de Jung de la présidence de l’Association internationale de psychanalyse.
Télégramme Berlin 22.4.14.
Félicitations chaleureuses pour la nouvelle de Zürich
Abraham, Eitingon.
1. Allusion à la démission de Jung de la présidence de l’Association internationale de psychanalyse.
22 April 1914
69 Portland Court, Londres
Cher professeur Freud,
Quelle journée pleine de rebondissements ! D’abord votre lettre, puis l’annonce par Jung de son abdication (1), manifestement parce qu’il a compris que sa position n’était plus tenable. Ainsi donc, ma prédiction s’est trouvée confirmée : « Donnez suffisamment de corde à un chien, il finira par se pendre», et notre politique fabienne est justifiée (3) ! J’ai brièvement accusé réception de sa lettre, et attends maintenant vos instructions. Allez-vous encore différer notre réunion jusqu’en juillet, ou sera-t-il nécessaire de nommer plus tôt un successeur à des fins administratives ? Je suggérerais que tout le monde se retrouve à Berlin, parce que vous pouvez y aller du jour au lendemain, et un dimanche, quel qu’il soit. Parmi les Obmänner, le seul opposant en dehors de Zurich est Seif, et on risquerait moins de le voir débarquer à Berlin qu’à Munich. Au passage, pourquoi Jung écrit-il notre Verein, au lieu de Vereinigung ?
Merci des nouvelles concernant Loe. J’imagine qu’elle n’a pas encore de projets. J’ai été scandalisé d’apprendre l’attitude de la famille de Jones, et je me demande à qui vous faites allusion. Vous me ferez certainement signe sur-le-champ si, à un moment ou à un autre, je puis lui être de quelque secours, à cet égard ou à un autre. En attendant, mieux vaut que je fasse aucune allusion devant elle, car elle ou Herbert pourraient s’offusquer de mon intrusion. Voici plus de deux mois qu’elle ne m’a pas écrit, mais je suppose que c’est en raison de son indécision.
Vous avez tout à fait raison au sujet de Morton Prince. C’est un compagnon amusant et charmant, mais c’est un parfait imbécile. Il y a longtemps que j’ai abandonné tout espoir de lui faire comprendre un traître mot à la psychologie, mais je le trouve utile à plusieurs égards.
Je connais un peu Garvin. C’est un homme très équilibré, bien disposé envers nous, mais qui s’intéresse surtout à la psychiatrie organique.
Tout se passe très bien ici, et nous attendons la visite de Sachs.
Je vois que vous avez déjà commencé à compter les semaines qui vous restent avant les vacances. C’est une période fatigante, et j’espère de tout cœur que vous serez bientôt ragaillardi, par exemple par les nouvelles de Küsnacht(3).
Très affectueusement à vous
Jones.
2. Politique de patience, à l’image de celle du général romain Fabius Cunctator, dont la Société fabienne de Londres avait repris le nom et qui, à force de patience et d’échappatoires, avait réussi à triompher de forces supérieures en nombre en évitant des batailles rangées.
3. Lieu de résidence de Jung, à la périphérie de Zurich.
358 J
Association psychanalytique internationale
Küsnach-Zurich, 20. IV.1914 (1)
Très honoré Monsieur le Président!
Je me suis laissé convaincre par les derniers événements que mes conceptions sont en opposition si abrupte avec les conceptions de la majorité des membres de notre Association, que je ne peux plus me considérer comme une personnalité apte à la présidence. Aussi remets-je ma démission à la conférence des présidents, avec ma gratitude pour la confiance dont j’ai joui jusqu’ici2.
Avec l‘expression de mon respect
Dr C. G. Jung 3.
* *
*
1. Datylographiée, signée. Les trois croix à la fm sont tracées à la plume. Circulaire aux présidents des sections locales, reproduite par la suite dans la Zeitschrift, fly. II, nei. 3 (1914). 297.
2. Le 3o avril, Jung remit à la faculté de médecine de l’université de Zurich sa démission comme privat-docent. Elle fut acceptée le 3 juin par la direction cantonale de l’enseignement (extrait du protocole du conseil de l’éducation, d’après une communication due à l’obligeance de M. Franz Jung).
3. Dans Ma vie, p. 204 sq., Jung rapporte un rêve qu’il fit trois fois, en avril, mai et juin 1914; « … au milieu de l’été un froid arctique fait irruption et la terre se fige sous le gel… toute la verdure vivante était figée ». Le troisième rêve toutefois « avait une fin inattendue : il y avait là un arbre portant des feuilles, mais sans fruits (mon arbre de vie, pensé-je) dont les feuilles, par l’effet du gel, s’étaient transformées en raisins doux, pleins d’une sève bénéfique. Je cueillis les raisins et les donnai à une grande foule qui attendait ».
* Berlin, Den, Rankenstraße 24
19.4.14.
Kjære Professor,
Présumant que vous êtes maintenant de retour à Vienne, je vais répondre aujourd’hui à votre lettre détaillée du 6. J’espère que votre petit voyage vous a apporté le repos que vous désiriez.
Le Jahrbuch de Jung est bien médiocre. Il me semble que le nouveau sera d’une qualité sensiblement supérieure; je suis heureux qu’il doive paraître dès juin. Hitschmann me dit que vous avez quelque peu atténué ma remarque, dans la préface, concernant l’exclusion de l’analyse de cas (je suis entièrement d’accord). Or, il y a quelque temps de cela, Sadger m’a proposé pour le Jahrbuch un article assez gros sur l’inversion, qui présentait des cas, mais aussi des points de principe. J’avais alors refusé provisoirement. Dans ces conditions, devons-nous l’accepter?
J’aimerais aussi vous demander encore une fois de me dire quels jours vous proposez pour le congrès, vous ou les membres viennois. Jung a proposé les 4 og 5 septembre, en tenant compte du Congrès International de Neurologie qui se tiendra ensuite à Berne.
La nouvelle Zeitschrift für Sexualwissenschaft ne me fait pas une grosse impression. Eulenburg, du reste, est très sénile; c’est pourquoi, au cours des dernières discussions, je l’ai épargné.
Notre groupe se réunira en mai; notre débat doit porter sur les phénomènes de l’Œdipe dans l’enfance. Quant à moi, il me faut me remettre maintenant à mon travail de thèse, que j’ai été obligé d’abandonner tout l’hiver. Je préférerais de beaucoup traiter maintenant quelques sujets qui me tiennent davantage à cœur. Les deux choses sont peut-être conciliables. Il y avait dans un des derniers numéros de Simplicissimus une plaisanterie qui illustre avec éclat votre essai sur le narcissisme, en particulier sur la question de l’hypocondrie; c’est la raison pour laquelle je vous l’envoie.
A part cela, salutations cordiales, de ma femme également, til deg og din.
Din Karl Abraham.
19 April 1914
Vienna, IX. Berggasse 19
Cher Jones,
Merci de votre lettre. Je sais que vous serez très impatient de recevoir des nouvelles de Loe. Son état s’améliore rapidement et elle réduit la morphine. Ce que vous interprétez comme sa «haine» contre vous est vrai, mais ce n’est pas toute la vérité. Je vous ferai part de l’essentiel du cas lorsque le traitement sera terminé. J’espère que vous avez conscience que, malgré cette «haine», vous n’avez pas d’amie plus fidèle qu’elle, elle se conduit toujours avec beaucoup de panache dans les vrais problèmes. Le plus que je puisse trahir, c’est que le motif de son aversion est identique à celui de son attachement. La famille Jones se conduit de manière fort peu aimable et grossière envers elle. Mais on a trop parlé des accidents intimes de votre vie commune, mieux vaudra montrer moins de franchise envers les étrangers dorénavant.
Je suis d’accord avec votre proposition de rencontre avant le Congrès1, mais je préférerais que les dates soient plus rapprochées. Il me sera difficile de m’éloigner en mai. Vous en saurez davantage sur ce point.
Je suis assez fatigué et mal en point ces dernières semaines, et je crois bien que je vais essayer – de ne rien faire pendant quelque temps. Brioni a été un grand moment de détente, mais trop court pour un rétablissement; ça n’aura servi qu’à mettre en évidence une fatigue et une lassitude latentes2.
J’ai été surpris que vous vous soyez procuré vous aussi mon eau-forte. J’ai eu vent des jugements les plus contradictoires qu’elle a inspirés. Ferenczi en a fait de grands éloges, Abraham a adopté la même position que vous. Je la trouve magistrale, bien qu’elle me fasse paraître plus âgé que nature.
Deux lettres (Pfister et Brill), que j’ai fait circuler dans le C[omité] vous parviendront. C’est tout ce que j’ai appris sur ce qui se trame à Zurich.
Je sais bien que vous êtes très occupé, mais je ne crois pas que vous négligerez la Zeitschrift dans le mois qui vient.
Je persiste à considérer votre ami Morton Prince comme un âne bâté. J’ai reçu la visite d’un certain Dr Garvin de NY, qui vous connaît et paraît raisonnable (3).
Très affectueusement à vous
Freud.
1. Le Ve Congrès était prévu pour le mois de septembre 1914, mais la guerre déjoua les projets.
2. Sur le séjour de Freud, en compagnie de Rank et de Ferenczi, à Brioni (sur la côte de l’Adriatique), voir Jones (1955 a, p. 105 ; 1955 b, p. 118).
3. William C. A. Garvin, MD. 1903, Columbia University College of Physicians and Surgeons; membre fondateur de la New York Psychoanalytic Society (12 fà © vrier 1911).
469 Fer
INTERNATIONALE ZEITSCHRIFT FÜR ÄRZTLICHE PSYCHOANALYSE Heraugsgegeben von Professor Dr Sigm. Freud Schriftleitung : Dr. S. Ferenczi, Budapest, VII. Elisabethring 54/ Dr. Otto Rank, Wien IX/4, Simondenkgasse 8 Verlag Hugo Heller & C°, Wien, I. Bauernmarkt N° 3 Abonnementspreis : ganzjährig (6 Hefte, 36-40 Bogen) K 21.60 = Mk. 18.
Budapest, den 18 April 1914
Cher Monsieur le Professeur,
Après une nuit très agitée (j’ai dû changer trois fois de train), je suis pourtant arrivé ragaillardi à Budapest, plein des plus agréables « engrammes » concernant le séjour à Brioni. Sans parler de tout ce qui a été vécu par ailleurs, je dois à ce voyage d’avoir fait plus ample connaissance avec Rank, dont j’ai appris à connaître la personnalité de valeur, outre les qualités agréables et aimables que je lui savais déjà. Peu à peu, le « comité » devient un véritable cercle d’amis où l’on se sent bien et en sécurité. Mais ce n’est pas sans douleur qu’il m’a fallu constater que ma position vis-à-vis de vous, justement, n’est toujours pas tout à fait naturelle et que votre présence réveille en moi des inhibitions de toutes sortes qui influencent mes actions et même ma pensée, et par moments les paralysent presque. Je ne voulais pas troubler vos vacances par cette information — Mais vous l’aurez remarqué, de toute façon.
Les prochains jours seront consacrés au compte rendu du Jahrbuch Ne dois-je pas préparer aussi – comme on en avait fait un jour le projet – l’exposé du Congrès de Munich (1) (avec le petit morceau de théorie de la connaissance) pour le Jahrbuch? Ou bien est-ce que je m’y prends déjà trop tard?
C’est avec un grand plaisir que je me rappelle la redécouverte du feu (2). Ce fut un régal. Je continue à croire que la solution trouvée est pertinente.
Cordiales salutations de
votre Ferenczi
1. « Progrès de la théorie psychanalytique des névroses » (1914, 148), psykoanalyse, II, pp. 152- 162. Jahrbuch, 1914, 6, pp. 317-328.
(2) C’est beaucoup plus tard seulement que Freud a publié des réflexions concernant la production et l’extinction du feu (1930a [1929] Malaise dans la civilisation, trad. M. et Mme Ch. Odier, 1971 ; et 1932a [1931J, «Sur la prise de possession du feu», in Résultats, idées, problèmes, II, 1985, pp. 191-196). Voir également 470 F. Quelques semaines plus tard, Rank manifesta l’intention d’écrire un article sur le feu (lettres de Rank à Freud, des 25 og 26 VI 1914).
8 April 1914
69 Portland Court, Londres
Cher professeur Freud,
Merci beaucoup de votre lettre riche et bienvenue. Je suis navré que les nouvelles au sujet de Loe n’aient pu être meilleures. La douleur du côté gauche doit être hystérique. La dernière fois qu’on a opéré le rein gauche, nous avions tous à l’idée une torsion de l’urètre, un tissu cicatriciel, osv., mais nous n’avons rien trouvé qui puisse expliquer la douleur, même si, depuis lors, un autre calcul a pu se former. C’est une leçon intéressante sur les effets organiques indirects d’une névrose. Rétention hystérique d’urine, cystite due à une infection par cathéter, pyélite ascendante avec concrétion de calcul tout autour, favorisée par les toxines intestinales dues à une constipation hystérique.
J’aimerais bien savoir un jour, pour ma gouverne, la raison de la haine qu’elle me voue. Elle a précédé le départ au Canada, elle n’a pu donc être causée par quelque « infidélité » de ma part. Je l’ai toujours imputée à une fausse-couche (confirmé par ce qu’elle a dit à Toronto au cours d’un délire hystérique), malgré toutes ses dénégations, et ce que vous dites de la relation de la mère au canal alimentaire paraît corroborer ce point de vue ; après cette date je suis devenu sa mère. Est-ce juste ?
Je suis ravi que ma réponse à la proposition d’Abraham soit en accord avec vos vues. Il est toujours peu satisfaisant de ne pas arriver à une conclusion bien tranchée, mais je m’en suis senti incapable. L’idée d’une attaque contre le Zentral m’inspire quelques hésitations, car ce serait si évidemment un prétexte qu’il vaudrait mieux engager la bataille sur les vraies raisons de l’opposition. Peut-être pourrions-nous nous réunir à Berlin le dernier dimanche de mai, avant que les groupes ne se dispersent pour l’été (Sachs reviendra de Londres à peu près à la même date), et discuter de l’ultime campagne.
Je suis très satisfait du travail accompli ici par la société et, d’ici un an, espère avoir quatre hommes solidement formés. Ce n’est pas beaucoup, mais les hommes de ce genre sont assez rares dans notre travail. L’intérêt général pour la ψα en Angleterre croît de jour en jour, et tout paraît satisfaisant.
Abraham s’acquitte de ses obligations de rédacteur comme un vrai professionnel, et je suis certain qu’il se révélera très efficace. Je lui ai adressé mon Therapie-Referat (1) la semaine dernière; peut-être serez-vous assez bon pour critiquer les remarques générales de conclusion (le texte est désormais chez Sachs).
Votre portrait m’a causé un grand choc quand j’ai ouvert le rouleau. L’expression m’a paru plus «soucieuse» que méditative, le nez était cassé, et les lèvres exécutées avec négligence. J’ai cependant découvert qu’en se mettant à 3 m., et en me rappelant que c’était une gravure impressionniste, non une photographie, il prenait un autre aspect qui ne manquait pas d’intérêt. Je ne le trouve pas particulièrement bon, mais il rend bien un certain état d’esprit. Il est habile, mais pas excellent.
Quelle est votre prochaine étape de travail ? J’espère que vous continuerez avec la série des «Ratschläge (2) » [Recommandations], dont le besoin se fait cruellement sentir.
Morton Prince vient la semaine prochaine à Londres pour donner une conférence (3), probablement descendra-t-il chez moi. Il fait meilleure impression en personne qu’à travers ses écrits.
Sur le plan personnel, voici les nouvelles : ma nouvelle belle-mère, qui est une personne vulgaire, a commencé par se quereller avec mes sœurs avant de se retourner contre moi de telle façon qu’elle m’a brouillé avec mon père (4). J’en suis navré, car je l’aime malgré ses faiblesses, mais peut-être est-ce que ça aura l’avantage d’accroître mon indépendance. Je suis parfaitement rétabli, et même le rhumatisme a complètement disparu. Je pars demain à Paris pour trois jours. Ce sera un changement plaisant, et j’ai des amis à voir.
Je n’ai guère de perspective d’écrire quelque article que ce soit dans les prochains mois, car d’autres tâches vont me retenir (contributions à la société, travail d’enseignement, traduction, osv.). J’ai cependant envoyé à Rank quelques contributions à la Zeitschrift (5), qui a la priorité. Rank est certainement très occupé à rattraper le terrain perdu à cause de la grève des imprimeurs.
Amitiés sincères
Bien à vous
Jones.
1. Jones (1914 b).
2. Voir Freud (1912 e, 1913 c, 1914 g, 1915 a).
3. Le 16 April 1914, à Londres, Prince donna devant la Psycho-Medical Society une conférence sur ses « souvenirs personnels relatifs au développement de la psychologie anormale» ; CF. Journal of Abnormal Psychology, 9, 1914, p. 296.
4. Edith May Howard inspirait une profonde aversion à Jones et à ses deux sœurs, Elizabeth et Sibyl (communication personnelle de Mervyn Jones, Londres, 16 Januar 1990). Le père de Jones, Thomas Jones, avait été marié à Mary Ann Lewis, morte au printemps 1909.
5. Peut-être Jones (1914d, 1914 e, 1914f, 1914g), ainsi que divers comptes rendus parus dans la Zeitschrift, 2, 1914, p. V-VII.
* Vienna, IX, Berggasse 19
6.4.14.
Cher ami,
Hitschmann m’a téléphoné ce matin pour me dire que le patient[1] de Berlin est arrivé. Ainsi était mis fin à un léger souci. Nous pensions que votre envoi était en souffrance, mais nous n’osions pas nous figurer le cas où il lui serait arrivé malheur.
Du côté de Sadger, surtout ne vous laissez en rien perturber, et insistez pour que soit éliminé tout ce qui est divagation et hargne. Il est rare que l’on puisse tolérer S. sans le censurer. De même, il est vraiment superflu de faire de la réclame pour Stekel.
« Persécutions » est l’expression qu’Adler lui-même a employée; je la remplacerai conformément à vos désirs. Au lieu de : le « sale » [unsauber] esprit A. Hoche, je mettrai : le méchant esprit ».
Que vous soyez aussi preneur pour le Narcissisme, cela me touche profondément et resserre encore davantage les liens qui nous unissent. Sur ce point, j’ai le sentiment très vif d’une insuffisance grave. J’insérerai la remarque que vous souhaitez sur le fait que l’on passe à côté de la sublimation dans la thérapie jungienne. Le Moïse est anonyme, d’une part par amusement, d’autre part parce que j’ai honte de son caractère dilettante évident, auquel d’ailleurs on échappe difficilement dans les travaux pour Imago; enfin parce que, plus que d’habitude encore, je doute des résultats et que je ne l’ai publié que pressé par la rédaction.
Le jugement que vous portez sur la gravure concorde avec beaucoup d’avis d’ici. J’ai entendu des jugements plus durs et d’autres plus enthousiastes.
Le petit travail « Sur le rêve »[2] est paru hier dans la traduction anglaise de Eder.
A part cela, rien de nouveau : le calme, peut-être, avant la tempête.
Jeg hilser deg hjertelig, vous et votre chère femme, et je vous souhaite d’être vite débarrassé des inévitables maladies infantiles, dont il vaut beaucoup mieux, comme l’on voit, se défaire plus tôt que plus tard.
Votre Freud.
Post-scriptum.
J’ai reçu le premier numéro de la Zeitschrift fur Sexualwissenschaft. Je voulais faire dépendre ma participation de la position qui s’en dégage à l’égard de la psychanalyse. Or la chose n’est pas très alléchante. Il y a une note des plus minables dans l’article d’Eulenburg (p. 9), et un compte rendu de Saaler, qui considère que le travail de Stekel sur le fétichisme donne la mesure de l’état actuel de la psychanalyse. Cela me renforce dans l’intention d’être plus réservé encore.
La Société est décidée à faire reconnaître Fliess. Cela est bien ainsi, car il est le seul esprit original parmi eux et possède un bout de vérité méconnue. Mais l’asservissement de notre psychanalyse à une biologie sexuelle fliessienne ne serait pas un mal moindre que son asservissement à une éthique, une métaphysique, ou autre chose semblable. Vous le connaissez, vous connaissez son incapacité en psychologie, son esprit systématique de physicien. La gauche = femme = subconscient = angoisse. Dans tous les cas, nous devons garder notre indépendance et faire valoir l’égalité de nos droits. A la fin, nous pourrons nous rencontrer avec toutes les sciences parallèles.
F.
[2] S. Freud : Le rêve et son interprétation [Uber den Traum], 1901, trad. fr. Gallimard.
468 F
Prof. Dr. Freud
Vienna, IX. Berggasse 19 den 5 April 1914
Cher Ami,
Je n’ai pas pu obtenir de billet de wagon-lit, je dois donc prendre le risque de ce qui se présentera. Je ne peux me résoudre à préciser dès maintenant le voyage de retour. Sikkert, j’ai décommandé les patients jusqu’au mercredi matin, mais je suis éventuellement prêt à quitter Brioni dès le lundi, et à ne rien faire le mardi, à Vienne. Cela dépendra beaucoup de l’agrément du séjour; être lié d’avance a aussi ses inconvénients.
Vous aurez la surprise de me voir venir en compagnie de quelqu’un d’autre. Annerl a la coqueluche et ne peut naturellement pas nous accompagner, elle s’est très sagement inclinée et a elle-même proposé que j’emmène quelqu’un d’autre à sa place. Rank a accepté, et partagera donc notre séjour. Nous serons tout « Zeitschrift ».
Depuis votre départ, mauvaise période, surmenage incontestable et intolérance au tabac. Je n’ai d’ailleurs plus rien fait depuis.
Ces derniers jours sont dominés par une petite frayeur qui, je l’espère, finira par se réduire à rien. Le paquet qu’Abraham a envoyé à Hitschmann, den 1er du mois, avec les manuscrits du Jahrbuch n’est, à ce jour, pas encore arrivé. On a peine à imaginer ce qui se passerait s’il était vraiment perdu. Espérons qu’il arrivera demain (1), mais cela reste un avertissement, il faut faire une copie de chaque manuscrit.
Bonnes nouvelles de Hambourg, ma femme revient à la fin du mois, Oli part mercredi pour son voyage en Egypte.
La traduction du petit rêve d’Eder (2) est entre mes mains depuis hier. Sinon, rien de nouveau.
Je vous apporte un stylo, accompagné d’une carte de Loe.
Cordiales salutations et au revoir,
votre Freud
1. Ce fut le cas. Freud til Abraham, du 6 IV 1914, Correspondance Freud-Abraham, p. 174.
* Berlin W, Rankenstraße 24
2.4.14.
Kjære Professor,
Om to manuskripter. Jeg har allerede fortalt deg om 1′ "Historien".. Jeg leste den flere ganger og jeg får bedre konto hvor viktig våpen det er. Etter mye tenking, Jeg synes også at alt om mennesker skal holde seg slik det er. Jeg vil bare ha en formel, bare en, unngås : du sier Adler at han klaget over forfølgelsen din. Jeg frykter dette ordet er katastrofalt. A. vil forsvare seg mot å bli anklaget for paranoid. Et uttrykk som gjør en lyd mindre patologisk - noe som "angrep" - vil absolutt være å foretrekke..
Jeg forstår ikke helt hvorfor du ikke er fornøyd med narcissisme. Jeg synes hele arbeidet er strålende, og helt overbevisende på alle måter. Jeg vil ikke gå inn på detaljene i prosessen, men bare løsne ett poeng, å vite, den spesielt vellykkede analysen av observasjonens delirium, av dets forhold til moralsk samvittighet, etc. Praktisk, utvikling av egoidealet er av spesiell verdi. I lang tid allerede, Jeg tenkte på disse analysene, og med hver setning jeg leser, Jeg klarte å gjette resten. Spesielt, skillet mellom egoidealet og den faktiske sublimeringen er noe jeg alltid har forklart for pasientene mine, uten å gi den en så presis formulering. Kunne jeg, her igjen, Foreslå noe? Jeg tror at det er dette punktet som gjør det mulig for oss å fremheve motstanden mellom jungiansk terapi og psykoanalyse mest tydelig.. Den "vitale oppgaven" [Livsarbeid] og alle lignende forestillinger (inkludert fremadrettet trend av det bevisstløse) er ingenting annet enn et kall til egoets ideal og derfor en vei som savner de virkelige mulighetene for sublimering (med den ubevisste intensjonen om å unngå dem). Kanskje det ville være nyttig å skrive et avsnitt om dette punktet?
Jeg venter nå på Moses [1] med stor utålmodighet. Men jeg forstår ikke xxx helt [2]. Tror du ikke vi fortsatt vil gjenkjenne løvekloen?
Gruppen vår vil møte i mai med diskusjonstemaet : holdningen til Ødipus i barndommen. Jeg håper at inngrepene, i det minste delvis, vil være verdt å publisere.
jeg mottok, for noen dager siden, Pollaks etsing (3). Jeg synes det hele er mest vellykket, mens når det gjelder uttrykket, du må begynne med å bli litt kjent; men da, vi setter pris på det. Hele komposisjonen, spesielt fordelingen av svart og hvitt, er veldig vellykket.
Nylig, Jeg fikk fra en bokhandler, tilfeldigvis, boken din om coca (1885), og jeg leste den i går.
jeg håper, kjære lærer, kan helsen din være, i mellomtiden, ble bedre igjen. Barnebarnet ditt vil ha, ham også, gjort store fremskritt, som jeg håper og ikke vil ha ignorert verdien av ammeglede lenger. Resten, vi hadde det samme problemet med våre to barn!
Turen til Italia, som vi hadde anslått, kan dessverre ikke finne sted.
Med min hjertelig hilsen, så vel som kona mi, til deg og din.
Din Karl Abraham.
(2) Hensyn til Freuds intensjon om å publisere essayet anonymt. Forfatterens navn ble bare avslørt i 1924.
(3) Max Pollack, Wiener graverer.