Kategoriarkiv: Sigmund Freud

22-07-1914 Freud Jones

22 Juli 1914 Karlsbad

Mon cher Jones,

Je crois sage, de la part de Putnam, de vous avoir choisi pour confesseur, et votre réponse, donnée dans un esprit réellement analytique, est peut-être la meilleure chose que vous ayez à donner. Mais laissez-le faire autant qu’il le peut, jamais il n’évitera ses propres hobbies. S’il se contentait de dire qu’il y a un effort de sublimation chez quelques-uns des meilleurs individus, nous ne le contredirions pas, car c’est en effet le cas, mais il gâtera ce simple fait en le mêlant à quelque théorie philosophique, Hegel, Bergson ou autres. Je n’en suis pas moins content de le savoir honnête et peu porté à faire quelque chose d’ambigu.

Le résumé de Jung est remarquable pour ses manœuvres afin de tirer un trait sur le refoulement, ce qui, Jag tror det, aura sa place dans votre papier1.

Je vous remercie infiniment de votre gentillesse envers ma petite fille. Peut-être ne la connaissez-vous pas assez. Elle est la plus douée et la plus accomplie de mes enfants, och, qui plus est, elle a un caractère précieux. Elle ne demande qu’à apprendre, à voir et à connaître le monde. Elle ne prétend pas être traitée en femme, étant encore très loin de tout désir sexuel et refusant plutôt l’homme. Il est bien entendu entre elle et moi qu’elle ne doit pas envisager le mariage ni les préliminaires avant deux ou trois ans. Je ne pense pas qu’elle dénonce le traité (2).

Vous apprendrez, ou vous avez su par Abraham, que Maeder a quasiment pro­clamé la sortie du groupe de Zurich ; il lui a commandé d’attendre que quelque chose soit imprimé à Zurich, très vraisemblablement un manifeste pathétique en réponse à mon Beiträge zur Geschichte (3). La circulaire d’Abraham peut encore accélérer le cours des événements (4).

Je suis ravi que Ferenczi passe ses vacances (5) avec vous. Je suis navré de l’avoir « ousted (6) » (existe-t-il un mot pareil?) cette année, car j’ai besoin d’isolement et de concentration pour l’essai du Handbuch de Kraus (7). Ca fait longtemps que je n’ai pas eu le loisir d’entendre mes propres pensées.

Notre séjour à Karlsbad est très agréable, bien qu’il fasse très chaud, comme par­tout en Europe centrale. J’ai terminé une contribution technique à la tidskrift et en envisage une autre dans le même esprit (8).

Avec toute mon affection

bien à vous

Freud

P.-S. : lettre de Putnam retournée.


1. Peut-être un synopsis de Jung (1914) ; voir aussi Jones (1914jag).

2. Young-Bruehl (1988, p. 66-69) évoque brièvement les vains efforts de Jones pour courtiser Anna.

3. Freud (1914 d).

4. Dans le Korrespondenzblatt, Abraham annonça que, den 10 Juli, la société de Zurich avait décidé par un vote de se retirer de l’International ; utsikt tidskrift, 2, 1914, p. 483.

5. Freud avait écrit vacancy, vacuité, au lieu de vacation, vacances.

6. Ousted = évincé.

7. Dans H. Abraham et E. Freud (1965, p. 309, n. 3), une allusion laisse penser que Freud finit par prier Abraham de faire une contribution à sa place. Mais, au bout du compte, ni Freud, ni Abraham, ni aucun autre représentant du camp psychanalytique ne contribua à Friedrich Kraus et Theodor Brugsch, Spezielle Pathologie und Therapie innerer Krankheiten, 12 vol., Berlin, Urban und Scwar2enberg, 1919-1928.

8. Freud (1914 g, 1915 en).

21-07-1914 Eitingon à Freud

55 Den

B[erlin], den 21 Juli 1914en

Kära Professor,

cela vous conviendrait-il que je vienne le 28 Juli (mardi) à Karlsbad? Dans l’attente de votre réponse je vous salue très cordialement, ainsi que ceux qui vous sont chers

Yours M. Eitingon

en. Vykort, adressée à Karlsbad (Bohême), villa Fasolt.

20-07-1914 Ferenczi à Freud

490 Järn

INTERNATIONALE ZEITSCHRIFT FÜR ÄRZTLICHE PSYCHOANALYSE Herausgegeben von Professor Dr Sigm. Freud Schriftleitung : Dr, S. Ferenczi, Budapest, VII Elisabethring 54/ Dr. Otto Rank, Wien IX/4, Simondenkgasse 8 Verlag Hugo Heller & C °, Wien, 1. Halva nr. 3

Abonnementspreis : alla (6 Hefte, 36-40 Bogen) KARLSSON 21.60 = MK. 18.

Budapest, den 20 Juli 1914

Kära Professor,

Je suis très heureux que vous ayez supporté cette armée difficile avec si peu de fatigue, et que vous vous sentiez poussé au travail sans interruption. Vous débarrasser de Jung signifiait pour vous le retour à votre mode de travail initial : prendre tout en main vous-même et ne pas vous reposer sur les « collaborateurs ». La devise « Après moi le déluge * 1 » semble être la seule valable en matière de science ; depuis l’épisode Jung, vous avez cependant souvent péché contre cette maxime et vous avez souvent été sentimental avec nous. Si vous comparez votre état d’esprit au début du voyage en Amérique (je vous rappelle votre indisposition à Brème)2 à celui de maintenant, vous comprendrez la différence à laquelle je pense. L’es­sentiel reste quand même que nous obtenions de vous le plus d’écrits possible et, à cette fin, c’est l’indépendance qui vous est le plus indispen­sable. Cela me console de la perte qui, parmi les autres collaborateurs, pourrait m’affecter moi aussi, par suite de ce changement de cap. Les intérêts personnels mesquins doivent être réduits au silence quand il s’agit de valeurs aussi importantes. Säkert, je dois beaucoup aux relations per­sonnelles avec vous et à l’intérêt que vous portez à mes progrès, mais ce dont je vous ai été, et vous suis le plus reconnaissant, ce sont tout de même vos œuvres qui ont embelli ma vie et ma profession.

Je viens juste d’écrire à Jones et je lui ai annoncé mon arrivée à Londres dans la première semaine d’août. Pour accepter son hospitalité, j’ai posé comme condition la poursuite de l’analyse. J’espère que l’analyse mettra au jour les motifs latents de ses intentions3.

Avant mon départ pour l’Angleterre, je voudrais passer deux-trois jours dans les Tatras, où la famille Palos, augmentée des pièces rapportées, italienne et canadienne 4, prendra sa résidence d’été. – C’est aujourd’hui la première fois que je pense au voyage de vacances avec joie ; l’absence

de notre réunion d’été (pour la première fois depuis 1908) semble m’avoir tout de même déprimé plus que je ne voulais me l’avouer.

Cordiales salutations pour vous et votre épouse, från

din Ferenczi

J’écrirai à Reik dès que j’aurai en main le fascicule de la Zeitschrift.

* I franska i texten.

  1. Attribué à la marquise de Pompadour après la défaite des Français à Rossbach par Frédéric de Prusse.
  2. Voir t.1, 349 F och notera 4.
  3. Freud ayant refusé un voyage de vacances en commun, parce qu’il avait besoin d’isolement et de concentration, disait-il (Freud Jones, lettre du 22 VII 1914), Ferenczi forma le projet de passer un mois à Londres. Jones, qui « percevait encore en lui-même quelques points obscurs qu’il ne parviendrait pas à analyser tout seul », écrivit à Freud, den 29 Juli 1914, qu’il remerciait le destin de cette occasion de parfaire son analyse. Mais finalement Ferenczi n’effectua pas ce voyage (utsikt 493 Järn).
  4. Il s’agit des sœurs de Gizella Palos : Sarolta Morando, d’Italie (Se t. Jag, 145 Järn) et une autre sœur, Slona, installée au Canada avec son mari (utsikt 497 Fer et 623 Järn).

18-07-1914 Freud à Ferenczi

F

Prof.. Dr Freud

Karlsbad, den 18 Juli 1914 ETT Wien, IX. Berggasse 19

Kära vän,

Vous vous étonnez certainement de tout le temps dont je dispose à Karlsbad, pour écrire. Mais c’est la première fois que je suis ici sans être dérangé, sans les Emden ; je passe la journée très agréablement avec ma femme, et je reste tout de même encore assez frais et dispos pour travailler. Je suis effectivement en train d’écrire un article technique (1), pas sans impor­tance de surcroît ; mais la lettre d’aujourd’hui est entièrement consacrée aux problèmes de la rédaction.

Avant tout, réjouissez-vous d’apprendre que vous êtes autorisé à rayer Maeder de l’en-tête de la Zeitschrift. Les autres aussi bientôt, Jag hoppas 2 ! Selon le rapport d’Abraham, il n’y a pas de doute : nous serons débarrassés de tous. Les lettres qui circulent vous apprendront la suite.

D’autre part, dans le numéro de la Zeitschrift arrivé aujourd’hui, je remarque quelques fautes de style pour lesquelles je vous prie de tirer les oreilles du coupable — Reik. Il m’a sérieusement demandé de le critiquer toujours avec la plus grande rigueur. Vous pouvez donc tranquillement vous réclamer de moi. Je pourrais le lui écrire moi-même, mais je préfère suivre la voie hiérarchique. C’est un bon garçon, mais il ne doit pas se laisser aller à une telle vulgarité B.

en) Dans le compte rendu de Reik concernant Schmidt, p. 389 3, on lit (en bas) : « Depuis quand de tels sentiments paraissent-ils quasi normaux à Monsieur le Conseiller ? » Nous devons nous abstenir d’un ton aussi familier, tout particulièrement envers nos adversaires, surtout maintenant que la polémique va devenir inévitable.

[Barré] : p. 391, tout en bas, un « Schnoferl » * pas tout à fait digne. [Sous-entendu :] Là je me suis trompé.

Idem au feuillet 33.

b) J. H. Schultz4 : La ψα. Entièrement manqué dans le ton, presque une dénonciation. Pourquoi un tel non-sens ne se trouverait-il pas dans un journal de littérature théologique ?

c) Pfister à qui dites-vous cela ** ? A rayer absolument, c’est une incon­gruité juive! Sec, plutôt ironique! Plus loin, la parenthèse «(Ce n’est cer­tainement pas le motif d’adhésion aux théories de Jung ?) ». Une insinua­tion, là où il faudrait dire de façon plus digne : Nous voulons espérer que ce n’est pas là le motif

d) Windelband. Här, je critique seulement un manque de clarté. Est-ce Wind.[elband] lui-même ou quelqu’un d’autre qui prononce les phrases citées ? (« exprimait » est incompréhensible)5.

Du förstår, je suis d’avis que la rédaction s’occupe énergiquement des rapporteurs, de leurs bons usages autant que de leur bon esprit.

Très cordialement, din Freud

ETT. A la main, au-dessus du texte pré-imprimé.

B. Le long de la marge gauche, en haut de la feuille, écrite au crayon de la main de Ferenczi, la note suivante : «J’ai écrit à Reik, dans l’esprit de Freud, et je lui ai demandé la rectification des passages en question. »

* Schnoferl, terme viennois intraduisible : moue de mécontentement et de bouderie d’un petit enfant qui s’apprête à pleurer.

** I franska i texten.

1. « Remémoration, répétition et élaboration » (Freud, 1914g, Rank à Freud, 23 VII 1914). A cette époque, Freud manifesta aussi un grand intérêt pour les problèmes techniques, en se proposant de parler des « Aspects de la technique psychanalytique » au congrès projeté (lettre du 26 VII 1914, Freud/Abraham, Korrespondens, op. cit., p. 190).

2. Parmi les personnes figurant sur la couverture de la Zeitschrift en 1913, les noms des collaborateurs permanents suivants furent supprimés en 1914 ; Alphonse Maeder et Franz Riklin de Zurich, Leonhard Seif de Munich. Voir également la lettre de Freud à Abraham du 18 VII 1914 {op. cit., p. 188).

3. Theodor Reik (Se t. Jag, 251 F, notera 3), analyse de l’ouvrage de Willi Schmidt, Inzestuöser Eifersuchtswahn (Délire incestueux de jalousie), 1914, tidskrift, 2, p. 389.

4. Johannes Heinrich Schultz (1884-1970), psychiatre et psychothérapeute allemand. Pro­fesseur à léna à partir de 1919, directeur de l’Institut de psychothérapie de Berlin à partir de 1936 ; inventeur du training autogène. Il publia un article sur la psychanalyse intitulé « Die Psychoanalyse», dans Theologische Literaturzeitung (17Januari 1914). Pfister lui répondit, dans la même revue, par un article intitulé « Psychoanalyse und Theologie », den 6 Juni 1914. Det bör, dans sa note de lecture analysant ces deux articles, a critiqué Schultz pour « la banalité et l’absurdité de ses arguments » (tidskrift, 1914, 2, p. 474) ainsi que Pfister, pour «la faiblesse et la pauvreté de sa défense ». L’expression : « à qui dites-vous cela ? » ne se trouve plus dans le texte imprimé. Voir également la lettre de Freud à Reik du 24 VII 1914, in Trente Ans avec Freud, trad. Evelyne Sznycer, Bryssel, Complexe, 1975, p. 100-101.

5. T. Det bör, analyse critique de Windelband, « Die Hypothese des Unbewussten » (L’hypo­thèse de l’inconscient), tidskrift, 1914, 2, p. 476. Wilhelm Windelband (1848-1915), philosophe allemand, représentant du néo-kantisme, se fit surtout connaître par l’introduction d’une distinction entre sciences nomothétiques et sciences idiographiques. Son livre, Lehrbuch der Geschichte der Philosophie (Manuel d’histoire de la philosophie, 1892), était un ouvrage de référence dans les pays germanophones.

18-07-1914 Freud till Abraham

* Karlsbad, villa Fasolt

18.7.14.

Kära vän,

Je ne peux réprimer un hourra. Nous voilà donc débarrassés d’eux! Nous reproduirons leur manifeste d’indignation dans le prochain Korrespondenzblatt, dans lequel vous pourrez, Jag hoppas, vous prononcer sur l’affaire en qualité de président définitif.

Vous trouverez ci-joint deux lettres : une déclaration de Putnam ainsi qu’une lettre de Maeder, qui, comme celle qu’il vous a adressée, restera aussi sans réponse. La revue sera très heureuse de rebuter non seulement Maeder, mais aussi Riklin, Seif et les autres. Ma bombe a donc fait de l’effet. Mais il est opportun que votre circulaire soit parvenue à destination. Nous aurons donc à nouveau un bon congrès.

Venez donc quand vous voudrez. Il faut que je voie comment je peux organiser le travail. En plus, je ne sais pas du tout si j’aurai envie de travailler. Il m’a été d’autant plus difficile de vous refuser que je vous avais proposé au début de passer tout l’été ensemble, à une époque où je n’envisageais pas encore de travailler pendant les vacances. Le rendez-vous tardif s’explique par le projet de faire visiter le lac Majeur à ma femme, début septembre.

Ne craignez pas de me déranger encore fréquemment dans ma cure. Des nouvelles comme celles-ci font du bien.

Recevez mes cordiales salutations et mes remerciements.

Votre Freud.

17-07-1914 Freud à Ferenczi

488 F

Prof.. Dr Freud

Karlsbad, den 17 Juli 1914 ETT Wien, IX. Berggasse 19 Villa Fasholt, Schlossberg ETT

Cher Ami,

Ainsi donc, nous voici de nouveau près des sources chaudes, jouissant de la chaleur et de la pluie comme elles se présentent, et je peux observer la façon dont les effets exercés sur la fonction intestinale se prolongent toujours sur la relation à l’argent qui en découle (1). Cette fois, je ne ressens pas la rupture avec le passé aussi nettement que d’habitude, je repense au travail et j’ai commencé à étudier Macbeth 2, qui me tracasse depuis long­temps, sans que j’aie pu en trouver la solution jusqu’à présent. Étrange, j’ai abandonné Macbeth à Jones il y a des années, et maintenant je le reprends, en quelque sorte. Il y a là de sombres puissances en jeu. Annerl a télégraphié, hier, qu’elle était bien arrivée à Southampton et qu’elle était attendue par Ernest Jones. J’ai profité de l’occasion pour lui exposer tout de suite ma position dans cette affaire, car je suis censé n’en rien savoir et je ne tiens tout de même pas à perdre la chère enfant du fait d’un acte de vengeance évident, abstraction faite de tout ce qui, rationnellement, témoigne du contraire. Je pense que Loe aussi veillera comme un dragon 3.

Dans une lettre d’avant-hier, Pfister 4 m’assure de façon inattendue qu’il se compte parmi les nôtres et qu’il est prêt à entrer dans le groupe viennois si les Zurichois effectuent la retraite qu’ils projettent5. Voilà donc une pre­mière nouvelle et elle est bonne. La lettre circule et vous arrivera d’ici peu.

Annars, Naturligtvis, rien de nouveau. Je vais bientôt m’attaquer à quelques essais techniques de moindre importance 6, För zeitschriften.

Avec mes salutations cordiales, din Freud

ETT. Écrit à la main, au-dessus et au-dessous de l’en-tête imprimé.

  1. Voir «Caractère et érotisme anal» (Freud, 19086), in Névrose, psychose et perversion, trad. fr. D. Guétineau, Paris, PUF, 1972, p. 143-148.
  2. Dans L’Interprétation des rêves (1900en, Paris, PUF, 1973), Freud avait brièvement men­tionné Macbeth ; plus tard, il a rassemblé du matériel sur ce sujet (Freud Jones, 31 X 1909), mais ensuite, il a écrit à Jones : «Quant à Macbeth, le sujet vous est réservé » (6 XI 1910). Emellertid, ce ne fut pas Jones, mais Ludwig Jekels qui rédigea une étude psychanalytique sur Macbeth (« Shakespeare’s Macbeth», Imago, 5, 1917-1919, p. 170-195). Voir également Freud, 1916d, « Quelques types de caractère dégagés par le travail psychanalytique », Jag : Les exceptions, II : Ceux qui échouent devant le succès, Iii : Les criminels par conscience de culpabilité, in Inquiétante Etrangeté et autres essais, trad. B. Féron, Paris, Galvete, coll. «Connaissance de l’inconscient», trad. Nouv., 1985, p. 136-172. Le passage concernant Lady Macbeth et Macbeth : p. 149-158.
  3. A propos du voyage d’Anna Freud en Angleterre, Se t. Jag, 483 F, notera 7. Jones ayant envisagé de demander la main d’Anna, Freud lui écrit, den 22 Juli 1914 : «Je vous remercie beaucoup de votre gentillesse pour ma petite fille. Peut-être ne la connaissez-vous pas assez. C’est la plus douée et la plus remarquable de mes enfants, de plus, dotée d’un caractère d’une qualité rare. Elle ne demande qu’à apprendre, à voir toutes sortes de curiosités, voulant apprendre et comprendre le monde. Elle ne demande pas à être traitée en femme, elle est encore loin d’éprouver des émois sexuels et se montre plutôt rejetante à l’égard des hommes. Entre elle et moi, il est expressément entendu qu’elle n’envisagera ni mariage ni aucun pas dans ce sens avant d’avoir deux à trois ans de plus. Je ne pense pas qu’elle rompe cette convention. » La demande en mariage d’Anna par Jones — qui ne sera pas couronnée de succèsest brièvement évoquée par Elisabeth Young-Bruehl dans son ouvrage Anna Freud, trad. Pierre Ricard, Paris, Payot, 1991, p. 59-62.
  4. Aucune lettre (même inédite) de la correspondance Freud-Pfister, entre le 11 Mars 1913 et le 9 Oktober 1918, n’a été conservée.
  5. Les analystes suisses avaient déjà annoncé qu’ils n’assisteraient pas au congrès prévu en septembre à Dresde (lettre du 26 VII 1914, Freud/Abraham, Korrespondens, Paris, Galvete, coll. « Connaissance de l’inconscient », 1969, p. 190. Jones, II, p. 181-182). Une grande partie d’entre eux ayant rejoint le groupe de Jung, la Société suisse de psychanalyse ne fut fondée que le 24 Mars 1919.
  6. A savoir, les deux derniers articles sur la technique thérapeutique entre 1911 och 1915, parus en novembre 1914 et en janvier 1915 dans la Zeitschnft : « Remémoration, répétition et élaboration» (1914g) et «Observations sur l’amour de transfert» (1915en [1914]), in La Technique psychanalytique, trad. ETT. Berman, Paris, PUF, 1970 (1981), p. 105-115 och 116-130.

17-07-1914 Jones till Freud

17 Juli 1914

69 Hamn, London

Cher professeur Freud,

J’ai été réellement très heureux d’apprendre le rétablissement de votre belle-sœur, tant dans son intérêt que pour la liberté que cela vous rend dans vos projets de voyage. J’espère que vous aurez maintenant tout le repos dont vous avez besoin à Karlsbad, afin que vous soyez de nouveau frais et dispos en septembre.

Je suis allé à la rencontre de votre fille hier (1), imaginant qu’elle avait dû passer par Hambourg, et je l’ai trouvée en pleine forme, très satisfaite du petit voyage. Je les ai accompagnées, elle et son amie, car elles devaient parcourir une route compliquée à travers la campagne, avec plusieurs changements de train, etc.. Elle me dit que vous avez été scandaleusement surmené ces derniers temps ; j’espère que, l’an prochain, vous ferez montre de plus de modération dans votre ardeur au travail, car ce doit être très épuisant.

La lettre de Bleuler m’a paru, dans l’ensemble, très satisfaisante, et très caractéris­tique ; je l’ai adressée à Abraham. J’attends avec impatience la Traumdeutung. Je ne l’ai pas lue depuis la sortie de la dernière édition, ce qui fait pour moi un long intervalle, et je serai ravi de l’occasion de me rafraîchir la mémoire sur diverses questions aussi bien que d’étudier les ajouts(2).

Eder a mal réagi à la « cuiller tranchante », la jugeant « méprisable, indigne de vous, manquant de générosité envers le travail précieux accompli par Jung », etc.. – ce qui est un exemple typique de jugement affectif. Sa tendance est clairement au compromis en la matière, mais il a des sympathies pour Jung sur le plan religieux et il est pris dans une curieuse rébellion antisémiteun fatras de complexes personnels.

Rank me dit que Ferenczi va venir à Londres, mais je n’ai pas eu la moindre nou­velle de celui-ci ; il a du mal à prendre la plume et ne répond habituellement qu’au second stimulus.

Avec mes tout meilleurs vœux

Bien affectueusement à vous

Jones.


1. Anna Freud.

2. Freud (1900 en), 4och ed. 1914.

16-07-1914 Abraham till Freud

* Berlin W, Rankenstraße 24

16.7.14.

Kära Professor,

C’est une bonne chose que nos lettres ne se soient pas croisées une fois de plus. C’est avec grande satisfaction que j’envisage la perspective du prochain retrait des Suisses (1).

La lettre de Bleuler que Jones m’a fait parvenir aujourd’hui me rappelle les derniers temps passés à Burghölzli, Jung éloigné de l’association : c’est sans doute là une passerelle qui peut nous ramener Bleuler. Avez-vous pris garde à la dernière phrase?

Je crois que Bleuler voudrait qu’on l’incite à reprendre la tête en Suisse. Nous l’inviterons tout de même au congrès; nous verrons bien ce qui se passera. Son ralliement compenserait à la face du monde tous les torts qu’a pu nous causer le schisme.

Pour l’affaire Pfister en revanche, je suis d’un avis tout à fait opposé au vôtre, cher Professeur!

J’attends avec impatience les dernières révélations concer­nant la sexualité de l’enfant!

Än 10 eller 12 jours, et je file.

Recevez, vous et votre épouse, les bien cordiales salutations de votre

Karl Abraham.


(1) Se rapporte à Jung et à ses partisans.

13-07-1914 Freud à Ferenczi

F A

den 13 Juli 1914

Villa Fasholt B, Schlossberg.

Freud

ETT. Carte postale de Karlsbad, apparemment sans texte, med, seulement, la signature de Freud. L’original manque dans les microfilms et aussi parmi les lettres en possession de la Bibliothèque nationale autrichienne à Vienne. Il n’en existe qu’une transcription dactylogra­phiée par Michael Balint.

B. Selon la transcription dactylographiée de Michael Balint.